Trafic de bébés roumains via la Belgique
Trafic de bébés roumains via la Belgique
Gilbert Dupont
- Publié le 19-03-2003 à 06h00
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Les policiers belges sont avertis. Les enfants seraient trafiqués pour leurs organes
BRUXELLES Où s'arrêtera l'abject? C'est ce que nos policiers se demandent depuis qu'ils ont appris, il y a trois semaines, qu'une enquête était menée en Roumanie sur des enlèvements de bébés.
Des bébés enlevés dans une région à 200 km au nord de Bucarest, véhiculés à travers l'Europe cachés dans des camions, et livrés en Grande-Bretagne à des fins de prélèvements d'organes. Notre pays est concerné - et c'est comme cela que nos policiers sont informés - parce que l'itinéraire classique vers la Grande-Bretagne passe par la Belgique. On surveille donc depuis quelque temps les transports roumains, plus encore ceux dont l'immatriculation commence par les lettres BV ou CN.
L'information est relayée par la police fédérale de Gand à l'ensemble des services de police belges. Les policiers britanniques, français, néerlandais et allemands ont dû recevoir les mêmes renseignements. La police fédérale parle clairement d' "enlèvements de bébés en vue de trafics d'organes". Deux suspects sont identifiés en Roumanie. Le trafic s'effectuerait au départ d'une ville appelée Brasov.
L'idée d'un tel trafic existe. Nous n'avons pas les détails mais selon les renseignements arrivés chez nous, une première livraison de bébés a été interceptée sur la frontière hongroise. C'est ce qui fait penser que ce n'est sans doute que partie remise. Les mêmes ou d'autres chercheront de toute façon à recommencer. Ce qui déclenche tout, c'est l'arrestation à la frontière hongroise de deux Roumains de 25 et 29 ans originaires de Brasov, Romeo Daniel Ceparu et Nicusor Viorels Ungur.
Ils ont été refoulés par les Hongrois pour des problèmes de passeport. L'un des deux ouvrait la route.
Un camion Volvo suivait la voiture. Le Volvo transportait un chargement de palettes avec du matériel d'aéronautique. Les femmes et les enfants se trouvaient derrière une fausse cloison. Les femmes n'étaient pas les mamans. On en avait prévu une par bébé. Les enfants avaient tous entre huit mois et un an. Le Volvo appartient à une firme internationale de transport routier présente en Hongrie, en Allemagne, en Autriche et à Brasov en Roumanie. Il utilisait les plaques d'un camion d'une autre firme également à Brasov. La destination était la Grande Bretagne.
Ce qui alarme, c'est d'apprendre que la fiction devient réalité. Ou plutôt cauchemar. Une première livraison de bébés a été interceptée et l'on demande depuis fin février aux polices belges d'ouvrir l'oeil, en particulier sur les autoroutes. Rien à ce jour n'a été détecté chez nous.
C'est évidemment pure coïncidence mais il est tentant de signaler que Brasov, station de sport d'hiver réputée, est réputée mondialement pour abriter dans les Carpates le château de Vlad Tepes (mieux connu sous le nom de Dracula).
© La Dernière Heure 2003