ESCROQUERIE A L'ADOPTION D'ENFANTS ROUMAINS A PONT-A-CELLES

15 June 1990

ESCROQUERIE A L'ADOPTION D'ENFANTS ROUMAINS A PONT-A-CELLES

MEGETTO,FRANCO

Page 19

Vendredi 15 juin 1990

Escroquerie à l'adoption d'enfants roumains

Perquisition à Pont-à-Celles

M. Victorien Sohet, juge d'instruction au Parquet de Charleroi, a délivré un mandat de perquisition dans le cadre d'un dossier à charge d'un habitant de Pont-à-Celles qui pourrait avoir tenté d'escroquer des couples candidats à l'adoption d'un enfant roumain. La chute du régime de Ceausescu et la couverture médiatique des événements avaient dévoilé à de nombreux Belges les conditions de vie des nombreux orphelins roumains.

Il semble cependant qu'un habitant de Pont-à-Celles, petite commune rurale au nord de Charleroi, ait commis quelques indélicatesses. L'individu, qui se trouve actuellement en Roumanie, n'a toujours pas pu être entendu par le magistrat instructeur. Dès son retour - ce week-end - il pourra donner sa version des faits.

D'après les premiers éléments recueillis auprès de couples qu'il avait contactés, le Pont-à-Cellois proposait de s'occuper de toutes les formalités d'adoption en Roumanie. Il demandait aux couples candidats à l'adoption un dossier assez complet comprenant notamment des fiches de rémunération, des extraits d'actes de naissance... Documents que, toujours selon ses dires, il transmettait à un avocat de Bucarest avec lequel il était en relation. Chaque couple devait également lui remettre une somme d'argent censée couvrir les frais administratifs. Un habitant de Genappe, désireux d'adopter un enfant roumain, avait cependant eu des soupçons quant à l'intégrité du personnage. Il s'était personnellement rendu en Roumanie, il semble que d'autres couples aient également eu ce réflexe et agi de la sorte. Là, ils devaient se rendre compte que l'avocat roumain censé être en relation avec l'habitant de Pont-à-Celles avait stoppé toute collaboration. Ils devaient également être mis en rapport avec Médecins du monde, une organisation qui organise en toute légalité des adoptions d'enfants. Même si une instruction a d'ores et déjà été ouverte, il faudra attendre l'audition du principal intéressé par M. Sohet avant de savoir si un chef d'inculpation sera retenu contre lui.

Le fait qu'une perquisition ait été ordonnée est cependant révélateur. Les couples qui ont été en rapport avec l'individu se sont réunis, hier, à Genappe, à l'instigation du premier candidat à l'adoption à avoir eu des soupçons. Ils ont d'un commun accord décidé d'attendre la suite des événements avant de déposer plainte auprès du Parquet. D'autres se seraient déjà manifestés auprès du magistrat de Charleroi en charge du dossier. Le souci premier de la réunion de Genappe était avant tout de mettre en garde les couples désireux d'adopter un enfant roumain. Il semble en effet que la meilleure chose à faire soit encore de se rendre personnellement en Roumaine où des organisations au-dessus de tout soupçon mettent en rapport les couples avec les orphelinats.

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