ENFANTS ROUMAINS:EYSKENS REND L'ESPOIR A NEUF FAMILLES BELGES

15 September 1989

ENFANTS ROUMAINS:EYSKENS REND L'ESPOIR A NEUF FAMILLES BELGES

CLAEYS,JANINE

Page 10

Vendredi 15 septembre 1989

Enfants roumains: Eyskens rend

l'espoir à neuf familles belges

«Cette affaire a assez duré.» Cette phrase de Mark Eyskens, nouveau ministre des Relations extérieures, a redonné l'espoir à neuf familles belges. Des couples qui attendent leur fils ou leur fille depuis trois à quatre ans: ils l'ont adopté, ils sont allés le voir tous les deux mois à Bucarest, ils avaient foi dans la promesse qui leur avait été faite de pouvoir emmener leur enfant. Et puis voilà: une vingtaine de petits Roumains sont arrivés en Belgique, et une dizaine sont restés coincés là-bas. Sans motif apparent: ils n'étaient pas les derniers à avoir été adoptés, ils n'étaient ni les plus jeunes ni les plus âgés, leurs parents n'avaient ni plus ni moins insisté que les autres.

Ils se sont tus très longtemps. En Belgique, les autorités leur disaient de ne pas parler, et ils nous avaient demandé, en juillet 1988, d'attendre quelque temps avant de faire connaître la vérité. Ils ont, tous ensemble, confié leur problème à un avocat, qui est parti à Bucarest en février dernier. Emmenant dans sa serviette tous les dossiers prouvant que, tant pour la législation roumaine que pour la législation belge, tout était en ordre. Il n'a pas été reçu... Ni l'avocat des parents français, ayant subi le même sort. On leur a fait comprendre que le seul à qui on estimait devoir ouvrir les portes était le consul.

Quelques parents délégués par les autres ont rencontré deux fois Leo Tindemans, ministre des Relations extérieures. Il avait promis d'envoyer un émissaire du gouvernement, avec une mission officielle, les 29, 30 et 31 mai derniers. Mais il y a eu «l'affaire Deprez», autrement dit le voyage du président du PSC en Roumanie, et son passage à tabac tout près du domicile de Doïna Cornea. Rien ne s'est fait, et les parents se sont mis à écrire des lettres ouvertes à Deprez, à Martens, à l'Unicef...

La chape de plomb

«Cela fait trois ans qu'on est discret, nous ont confié Jean-Jacques et Virginie Herman, les parents du petit Aurélien. Notre fils a eu 3 ans le 25 février dernier, à l'orphelinat... Jusqu'en juillet 1987, nous allions le voir tous les deux mois, et nous restions à l'hôtel pendant une semaine avec Aurélien. Chaque fois, nous lui apportions des petits pots pour manger, des vêtements, qui, à chaque fois, avaient disparu quand nous revenions. Mais qu'importe! Nous étions heureux, nous vivions avec lui, il nous connaissait.»

Et de nous montrer un album de photos, organisé autour d'Aurélien, jouant, mangeant, souriant, dormant dans les bras de son père, dans les bras de sa mère, entouré de jouets. Un album plus merveilleux que tous les albums des enfants de Belgique. Jusqu'en juillet 1987, quand les portes se sont fermées, quand plus personne, ni les parents d'Aurélien ni les autres n'ont plus pu rentrer à la crèche. Même les médicaments y ont été refusés. Et il n'a plus été possible de contacter la pédiatre, une femme «parfaite», avec laquelle ils avaient un contact tous les quinze jours.

«Nous croyons qu'il vit toujours, ajoute Virginie Herman, car un des petits est décédé, et les parents l'ont appris.»

Mark Eyskens fera-t-il mieux que les autres personnalités contactées par les parents? En sortant de chez lui, mardi, les parents émissaires faisaient plus que le souhaiter, ils l'espéraient.

JANINE CLAEYS.

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