Nicolin : « Non à une loi sur l'adoption par les homosexuels »
HOMOPARENTALITE
Nicolin : « Non à une loi sur l'adoption par les homosexuels »
le 13.11.2009 04h00
« La société doit-elle s'adapter par une loi aux mœurs des uns et des autres ? » interroge Yves Nicolin / Archives David Blanchard
Président de l'Agence française de l'adoption et député UMP, le Roannais Yves Nicolin revient sur la décision de justice autorisant l'adoption pour un couple homosexuel
Le tribunal de Besançon vient d'ordonner au Conseil général du Jura de délivrer un agrément d'adoption à une enseignante homosexuelle vivant avec sa compagne. Qu'en pensez-vous ?
Je pense qu'en l'état actuel de la loi, le tribunal ne peut pas rendre d'autre décision. L'agrément se donne à un couple marié ou à une personne célibataire. Dans ce cas précis, une des deux personnes pacsées a déposé une demande d'agrément. Le refus du Conseil général du Jura n'était pas basé sur des considérations juridiques, il devra donc le lui donner.
Mais sur le fond, que vous inspire cette décision ?
A titre personnel, je ne suis pas favorable à l'adoption d'enfants abandonnés, et j'insiste sur ces cas, par des couples homosexuels, dans l'intérêt des enfants. Je fais un distinguo entre les enfants abandonnés, et le cas où l'un des deux conjoints a déjà eu des enfants dans le cadre d'une relation hétérosexuelle. Ces enfants doivent pouvoir être adoptés par le nouveau conjoint dans le cadre d'un couple homosexuel si l'autre parent décède. En revanche, quand un enfant a déjà subi l'abandon, le déracinement, il est déjà stigmatisé par les autres. Si en plus on ajoute le regard porté sur deux papas ou deux mamans… Il faut penser aux difficultés que ça entraîne plus tard.
Vous êtes président de l'Agence française de l'adoption : quel sera le regard de l'agence sur ces dossiers ?
Si on fait appel à nous, le dossier sera traité de la même manière que n'importe qui : on ne regarde pas les mœurs. Mais certains pays, je pense à la Chine, et même si ce n'est pas dit officiellement, refusent de confier des enfants à des parents homosexuels.
Vous n'êtes pas opposé à ce qu'un couple homosexuel puisse avoir des enfants ?
Ça ne me choque pas. C'est un fait aujourd'hui : il y a déjà des couples homosexuels qui ont des enfants biologiques. C'est leur affaire : je ne veux pas rentrer dans la sphère privée.
Pensez-vous que le Parlement doive légiférer sur le sujet ?
Je n'y suis pas favorable, pas plus que je n'étais favorable au PACS. Je suis en phase avec le gouvernement. C'est la même chose pour le mariage homosexuel. La société doit-elle s'adapter aux mœurs des uns et des autres par une loi ? La société privilégie le mariage, et donne des allocations familiales parce que faire des enfants, cela concourt au développement de la société française.
Propos recueillis par
David Blanchard