Les adoptions internationales en hausse de 14 % en France
12/01/2011 | Mise à jour : 10:44 Réactions (11)
Les adoptions internatioINFOGRAPHIE - En 2010, les foyers français ont accueilli 3 504 enfants du monde entier.
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Dans un contexte difficile, le nombre d'adoptions à l'étranger a enregistré, en 2010, une hausse exceptionnelle. Selon les statistiques du ministère des Affaires étrangères, dévoilées par Le Figaro, 3 504 enfants ont été recueillis par des familles françaises l'an dernier, contre 3 017 en 2009. Soit une augmentation de 14 %.
Cette évolution s'explique en partie par le séisme qui a dévasté Haïti en janvier dernier. «En un an, 992 enfants haïtiens sont arrivés en France, précise Jean-Paul Monchau, ambassadeur chargé de l'adoption internationale. Mais il s'agit d'une accélération des procédures engagées avant le séisme et non d'adoptions nouvelles.» Depuis quelques années, Haïti est le premier pays d'origine des enfants recueillis en France. En 2009, 653 enfants y avaient été adoptés. Ces chiffres devraient cependant connaître un fort recul en 2011. Toutes les demandes sont désormais gelées, dans l'attente de la signature par les autorités haïtiennes de la convention de La Haye sur l'adoption internationale. D'autres pays participent à ce bon résultat. En excluant Haïti, l'augmentation du nombre d'adoptions atteint 7 %. Selon Jean-Paul Monchau, «les bonnes relations établies avec certains pays permettent aux Français de résister à la tendance mondiale de recul de l'offre. Le travail diplomatique que nous avons engagé depuis deux ans porte ses fruits.»
Financement de programmes de protection de l'enfance
Depuis quelques années, Haïti est le premier pays d'origine des enfants recueillis en France. Crédits photo : © Philippe Wojazer / Reuters/REUTERS
Avec 469 adoptions en 2010, le Vietnam arrive désormais au deuxième rang des pays d'origine. Il était troisième en 2009. Même constat en Colombie, où 369 enfants ont été adoptés en 2010, contre 241 l'année précédente. Plusieurs déplacements, visant à promouvoir les dossiers des candidats français, ont été organisés l'an dernier dans ce pays. Le ministère des Affaires étrangères maintient aussi son budget de coopération, pour financer sur place des programmes de protection de l'enfance.
En 2010, les adoptants ont recueilli un peu plus d'enfants de moins de 3 ans (59 %). Ce pourcentage s'explique par la forte augmentation des adoptions en Haïti et au Vietnam qui proposent des «orphelins» plus jeunes. Pourtant la tendance générale est à l'augmentation, année après année, de l'âge moyen des adoptés.
L'action des OAA (organismes autorisés pour l'adoption), qui accompagnent les parents dans leur démarche et sécurisent les processus, n'est pas étrangère à ce bilan positif. 43 % des adoptions sont réalisées par leur intermédiaire. Leur présence s'est notamment renforcée au Vietnam et en Colombie. Et leur rôle est encore amené à croître dans les années à venir, en raison de la disparition progressive de l'adoption individuelle. «Dans cette perspective, ces organismes doivent se professionnaliser et être mieux contrôlés, estime Geneviève Miral, présidente de l'association Enfance et famille d'adoption. La crise d'Haïti a révélé des dysfonctionnements. Certains OAA se sont montrés aussi démunis que des familles isolées. D'autres jouent la concurrence plutôt que l'entraide.»
Dans ce contexte, l'Agence française de l'adoption (AFA) est très attendue. L'opérateur public, parfois contesté dans ses choix stratégiques, a enregistré une augmentation de 10 % des adoptions en 2010 (565, contre 513 en 2009). En 2011, l'agence doit s'implanter en Haïti et en Russie. «Nous nous attendons à une amélioration sensible de notre activité l'an prochain», précise son président, le député Yves Nicolin. Par ailleurs, plusieurs opérateurs s'implanteront au Kazakhstan, pays qui vient d'adopter la convention de La Haye.
L'année prochaine, les statistiques de l'adoption internationale devraient être tout autres. L'Éthiopie, passée du deuxième au quatrième rang des pays d'origine des enfants adoptés en 2010, pourrait regagner sa position. Et même devenir le principal pays où les Français adoptent l'année prochaine.