Blog - Les ONG, instruments des gouvernements et des transnationales ?
1 July 2009
to Arun |
jeudi 30 juillet 2009
Les ONG, instruments des gouvernements et des transnationales ?
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Par définition les ONG (organisations non-gouvernementales) se présentent comme indépendantes des États et représentatives des citoyens. En réalité, elles sont de plus en plus souvent subventionnées par des gouvernements et financées par des entreprises transnationales. Bien que dénuées de légitimité démocratique, certaines ambitionnent de participer à la « gouvernance mondiale ». Julien Teil analyse ce phénomène à partir d’une étude de cas, l’association caritative CARE.
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Icônes du désintéressement, les ONG sont entrées sur la scène politique mondiale depuis le début du XXe siècle. Certaines entendent désormais participer à la « gouvernance mondiale ».
Mais quels intérêts représentent-elles exactement ? Pour répondre à cette question examinons un exemple révélateur, celui de l’une des plus importantes associations humanitaire au monde, CARE-International.
CARE-International est une association humanitaire fondée aux États-Unis, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, avec les fonds du Plan Marshall. L’association a commencé ses actions en envoyant des ravitaillements de nourriture, médicaments, et autres denrées nécessaires à une Europe déchirée par la guerre. Les premiers vingt mille paquets ont été expédiés au port du Havre le 11 mai 1946. La même année, plusieurs millions de familles, écoles et hôpitaux ont bénéficié de ces colis. CARE-France est l’une des 12 antennes nationales de l’association humanitaire CARE-International et a été fondée, entre autres, par le banquier Jean Guyot et l’avocat Jean Lisbonne.
CARE au sein de la construction Européenne et du Plan Marshall
C.A.R.E est l’acronyme de « Cooperative for American Remittances to Europe » puis de « Cooperative for American Relief Everywhere ». Dans l’optique du Plan Marshall, les Européens devaient être assistés et protégés, au besoin malgré eux, face à la menace soviétique. pour ce faire, ils devaient porter « les valeurs américaines » à la fois conservatrices et libérales et devenir des alliés inconditionnel des États-unis.
La CIA, à partir de 1948, et l’OTAN, à partir de 1949, mirent en place les réseaux stay-behind, chargés de prévenir l’arrivée des communistes au pouvoir et d’ organiser la résistance en cas d’invasion par l’Armée rouge. Ils seront découverts ultérieurement et connus sous le nom générique de Gladio. Dans la même veine, depuis les États-Unis l’ACUE (American Comittee on United Europe) subventionne toutes les organisations favorables à la construction européenne. Tandis que, côté européen, le « Comité d’action pour les États-Unis d’Europe » lui sert de relai. Il est présidé par le commissaire français au Plan, Jean Monnet. En outre, le Club de Bilderberg sélectionne et promeut les personnalités atlantistes en Europe.
Jean Guyot, du Trésor français au capitalisme anglo-saxon
Attaché au cabinet de Jean Monnet avant d’être sous-directeur du Trésor, Jean Guyot assure la liaison entre le Plan Marshall (USA) et le Commissariat général au Plan (France). Plus tard, en 1983, il fondera CARE-France avec le soutien du Plan Marshall comme CARE-International. Puis, en 1992, il créera la Fondation Hippocrène, reconnue d’utilité publique, « pour renforcer la cohésion entre jeunes Européens »
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Vient le temps de la CECA, la Communauté Économique du Charbon et de l’Acier, dont Monnet était le concepteur et Guyot le responsable financier. Selon sa biographie officielle, « Il contribue à crédibiliser la première institution de l’histoire de l’Europe auprès des milieux financiers européens et américains en permettant à la Haute Autorité de la CECA de lancer des emprunts en son nom qui, à l’époque, ne signifiait que peu de chose, en particulier auprès des investisseurs américains ». « Ces opérations sont réalisées avec l’aide d’un petit nombre de financiers dont André Meyer, associé de Lazard, David Rockefeller, qui dirige la Chase Manhattan Bank, et Siegmund Warburg. ».
Le haut fonctionnaire Guyot se rapproche ainsi des élites bancaires et financières internationales.
• André Meyer est un Français qui rejoignit la banque Lazard et s’installa aux États-Unis. Il devint « le plus important banquier d’investissement du monde occidental », selon sa nécrologie par le magazine Fortune.
• David Rockfeller, héritier de la Standard Oil, est à la fois la principale fortune des États-Unis et un homme d’influence. Il est notamment co-fondateur du Club de Bilderberg.
• Siegmund Warburg, fondateur de la principale banque d’investissement britannique, la S. G. Warburg & Co.
En 1955, Jean Guyot, sur les conseils de Jean Monnet, quitte la fonction publique et rejoint André Meyer à la banque Lazard, où il reste jusqu’en 2005. « La CECA accroît ainsi sa présence sur les marchés financiers internationaux et Lazard reste proche de l’institution européenne, dont la direction financière est assumée par Paul Delouvrier, successeur de Jean Guyot (…) Plus généralement, ce dernier œuvre en permanence pour la construction d’une Europe financière ».
Qu’en termes élégants ces choses là sont dites. Guyot banquier prête de l’argent aux institutions qu’il a dirigé lorsqu’il était haut fonctionnaire. Celles-ci s’endettent pour le plus grand profit de Lazard Frères.
ONG : Impartialité face aux gouvernements ?
Fondée en 1983 par Jean Guyot, CARE-France a été ultérieurement présidé par Marina de Brantes, et aujourd’hui par Arielle de Rothschild. Elle est reconnue d’utilité publique par la République française. Sur son site internet, l’ONG se définit comme suit : « CARE est une association de solidarité internationale, non confessionnelle et apolitique ». Est-ce vraiment sûr ?
Prenons l’exemple de la Palestine occupée où CARE-France dépense 3 millions d’euros annuels, soit 20 % de son buget, officiellement pour l’assainissement de l’eau et l’approvisionnement en médicaments. Dans sa documentation, l’ONG s’abstient de toute prise de positions sur les conflits de cette région. Mais dans son rapport moral 2008, elle se vante d’avoir organisé une prestigieuse manifestation en France : « Le Conseil Pasteur-Weizmann et CARE se sont associés lors d’une soirée exceptionnelle à l’Opéra de Paris, en présence et en l’honneur de Shimon Peres, président de l’État d’Israël et Prix Nobel de la Paix, à l’occasion de sa visite officielle en France et sous la présidence de Simone Veil et de Lily Safra. L’entière recette a été affectée à la recherche scientifique de Pasteur Weizmann et aux programmes humanitaires de CARE ».
On peut légitimement se poser la question de la nature des actions menées en Palestine occupée compte tenu des liens historiques de la famille Rothschild avec l’État d’Israël et du parrainage revendiqué par l’ONG à l’occasion de cette soirée de gala.
ONG et institutions intergouvernementales
À défaut d’assumer leurs liens avec des gouvernements, les ONG transnationales affichent volontiers leurs liens avec des institutions
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intergouvernementales. Cet aspect est souvent perçu comme un gage de compétence et d’impartialité. Mais cela est bien sûr ?
Ainsi, pour revenir à notre cas d’école, CARE-USA (la maison-mère) est administrée par une brochette d’anciens responsables de la Banque mondiale, à commencer par son président W. Bowman Cutter et sa directrice générale Helene D. Gayle. Selon le site internet de l’ONG, son activité principale est la lutte contre la pauvreté et la faim, dans la tradition de ce qu’elle a entrepris en Europe à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. Elle revendique de pratiquer un intense lobbying auprès du Congrès et de l’administration Obama pour la mise en place d’un vaste programme public permettant de répondre à la crise alimentaire mondiale actuelle.
Or, la plupart des observateurs considèrent que cette crise alimentaire est imputable aux politiques imposées dans les années précédentes par la Banque mondiale pour imposer la globalisation économique. Dès lors, l’activité humanitaire de CARE apparaît comme une tentative de limiter les effets sociaux dévastateurs de la politique impériale mise en œuvre par la Banque mondiale.
Impartialité face aux intérêts économiques ?
Revenons à Paris. En ce qui concerne la carrière personnelle d’Arielle de Rothschild, en beaucoup de points similaire à celle de ses prédécesseurs Jean Guyot et Marina de Brantes, elle indique une interview à BFM avoir travaillé pour le groupe Rothschild, puis avoir rejoint la banque Lazard. À ce titre, elle a organisé la privatisation de la banque Sahara en Libye (rachetée par BNP Paribas). Lorsque la journaliste lui demande si ses anciennes activités vont lui permettre de diriger CARE-France avec facilité. Elle confirme en indiquant : « Les interlocuteurs in fine sont les mêmes- »
Les banques d’affaires sont des banques de capitaux au long terme, spécialisées dans le financement d’entreprises. Y travailler permet de tisser des liens étroits avec les hauts dirigeants des transnationales, les fameux « interlocuteurs » de Lazard et de CARE. C’est sans doute pourquoi on peut lire, sur le site internet de l’ONG : « Pourquoi devenir [une entreprise] partenaire de CARE-France ?
• Parce que CARE est une des seules ONG de développement à pouvoir accompagner aussi les entreprises sur leur responsabilité sociale et environnementale
• Pour l’approche globale, partenariale et participative de CARE
• Pour l’approche « pro entreprise » constructive de CARE
• Pour la capacité de CARE à décliner des opérations/campagnes au niveau mondial ».
Partenariats ONG-entreprises
Les partenariats ONG-entreprises sont pour beaucoup d’entre-eux des partenariats ONG-transnationales. Ce mélange des genres ne fait l’unanimité parmi les associations. Il est régulièrement dénoncé, notamment en France par Survie ou Attac. Il existe même des collectifs qui réunissent ces protestataires pour des actions ponctuelles. Ainsi le collectif « Areva ne fera pas la loi au Niger » a récemment dénoncé un partenariat entre Médecins du Monde, Sherpa et Areva.
Pour les entreprises transnationales concernées, ces partenariats sont l’occasion de faire oublier leur rôle politique contesté et de s’attacher la sympathie que le public éprouve pour l’action des ONG. Dans certains cas, la contradiction est totale entre la pratique des uns et les idéaux affichés par les autres. En d’autres termes, certaines ONG ne défendent pas les idéaux dont elles se réclament, mais servent à blanchir les transnationales qui les subventionnent. Pis, des ONG peuvent utiliser leur statut pour permettre à des entreprises transnationales de jouer un rôle politique masqué. Ce phénomène va croissant avec le développement du rôle des OSC (Organismes de la société civile) au sein de l’ONU.
Pour CARE, la liste des entreprises partenaires parle d’elle même : Orange, Sanofi-Aventis, Lafarge, EDF, Starbucks... ; des entreprises qui animent divers lobbies au sein de l’Union européenne, de l’OMS, de l’OMC.
Lafarge est un bon exemple. C’est un groupe français de matériaux de construction, leader mondial des cimentiers. Son activité est très polluante et il l’a développée en provoquant de sévères dommages à l’environnement. Aujourd’hui dirigée par Bruno Lafont, l’entreprise comptait il y a quelques années Hillary Clinton parmi ses administrateurs. À l’époque, la première dame des États-Unis était intervenue pour réduire de 60 % une colossale amende exigée de l’entreprise pour ses violations des lois pourtant laxistes aux États-Unis sur l’environnement. Lafarge est membre de puissants groupes de pression, tel que Entreprises pour l’Environnement (EPE) —que Bruno Lafont préside— ou le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD), sans parler de l’European Roundtable of Industrialists (ERT). Et bien sûr, Bruno Lafont participait à la dernière réunion du Club de Bilderberg. Pour l’entreprise transnationale, associer son image à des actions humanitaires, comme celles de CARE-France, est une nécessité de communication.
Complexités du pouvoir et du contre-pouvoir dans la « gouvernance globale »
Il ne s’agit pas ici de minimiser l’apport des ONG sur la scène internationale, ni de les stigmatiser dans leur ensemble au prétexte de la dérive de quelques unes, fussent-elles les plus visibles. Cette réserve ne doit cependant pas nous priver de lucidité face à un phénomène de fond.
Après les États et les entreprises transnationales, c’est au tour des ONG de faire irruption sur la scène politique mondiale. Elles exercent un « soft power », selon l’expression du professeur Joseph Nye, c’est-à-dire une forme de pouvoir moral. Mais constituent-elles pour autant un contre-pouvoir ? Ce n’est qu’exceptionnellement le cas. Plus généralement, les organisations non-gouvernementales agissent de manière autonome, mais sont subventionnées par des gouvernements ou financées par des entreprises parce que leur action prolonge leur politique.
Dans le cas de CARE-International, l’ONG est une création indirecte du gouvernement états-unien dans le cadre du Plan Marshall. Elle poursuit des objectifs particuliers qui s’incrivent dans ceux du Plan et renforcent l’image philanthropique de la politique des États-Unis pour la reconstruction post-Seconde Guerre mondiale. Son action caritative non-gouvernementale participe d’un plan de communication gouvernementale. Aujourd’hui, sa branche française remplit toujours la même fonction, mais sur d’autres théâtres d’opération. Ainsi, son action caritative non-gouvernementale en Palestine occupée participe du plan de communication du gouvernement colonial israélien. En outre, CARE-France est financée par des banques et des transnationales qui utilisent son image de bienfaisance pour faire taire les critiques qui les accusent de se comporter comme des prédateurs économiques plutôt que comme des créateurs de richesses.
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Aux États-Unis, le cabinet ASK Public Strategies s’est spécialisé dans la création d’ONG pour le compte de transnationales. Le but est de permettre aux entreprises de peser indirectement sur le débat public. Cette méthode suppose évidemment que l’on conserve secret le lien entre l’ONG et la transnationale qui la finance. La découverte de celui-ci peut s’avérer dangereux, comme lorsque la presse révéla que l’association de consommateurs pour une électricité fiable, CORE, était en réalité une création d’ASK Public Strategies pour le compte des centrales nucléaires civiles Excelon. Quoi qu’il en soit, le fondateur d’ASK Public Strategies, David Axelrod, est aujourd’hui le conseiller principal du président Barack Obama.
Au début du XXe siècle, le sénateur belge Henri La Fontaine créa l’Union des associations internationales. Celle-ci joua un rôle dans la constition de la Société des Nations, ancêtre de l’ONU, et de l’Institut international de coopération intellectuelle, qui préfigura l’UNESCO. À l’époque, l’idée était que la paix n’était pas simplement affaire des gouvernements, mais concernait tout un chacun. Les associations se devaient de jouer un rôle éducatif.
Aujourd’hui, le Conseil économique et social des Nations Unies a accordé un statut consultatif à 3 195 ONG qui leur permet d’avoir accès aux conférences internationales à la fois pour s’y informer et pour pousser leur idées. Leur liste constitue un inventaire à la Prévert. Bien sûr, aux côtés de CARE-International, on trouve des associations regroupant des entreprises transnationales (par exemple le Business Council for Sustainable Development cité plus haut ou le World Economic Forum de Davos) et des associations paravent de la CIA (comme la Ford Foundation ou la Freedom House). En d’autres termes, avec le temps, on s’est singulièrement éloigné du principe fondateur de participation des individus à la paix.
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Dans cette perspective, Jacques Attali a proposé de créer une Organisation des Associations Unies, dotée d’un pouvoir décisionnaire et participant à une nouvelle « gouvernance mondiale ». Les ONG tireraient leur légitimité de leurs « combats pour la mise en œuvre des fondements de la démocratie : la liberté d’expression, la protection des femmes et des enfants, la lutte contre la peine de mort, le droit au travail, le droit au crédit, le droit au logement » (sic). Ce projet consacre la lente dérive de grandes ONG qui entendent utiliser leur image pour s’emparer de leviers de décision politique au détriment de la souveraineté des peuples.
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Par définition les ONG (organisations non-gouvernementales) se présentent comme indépendantes des États et représentatives des citoyens. En réalité, elles sont de plus en plus souvent subventionnées par des gouvernements et financées par des entreprises transnationales. Bien que dénuées de légitimité démocratique, certaines ambitionnent de participer à la « gouvernance mondiale ». Julien Teil analyse ce phénomène à partir d’une étude de cas, l’association caritative CARE.
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Icônes du désintéressement, les ONG sont entrées sur la scène politique mondiale depuis le début du XXe siècle. Certaines entendent désormais participer à la « gouvernance mondiale ».
Mais quels intérêts représentent-elles exactement ? Pour répondre à cette question examinons un exemple révélateur, celui de l’une des plus importantes associations humanitaire au monde, CARE-International.
CARE-International est une association humanitaire fondée aux États-Unis, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, avec les fonds du Plan Marshall. L’association a commencé ses actions en envoyant des ravitaillements de nourriture, médicaments, et autres denrées nécessaires à une Europe déchirée par la guerre. Les premiers vingt mille paquets ont été expédiés au port du Havre le 11 mai 1946. La même année, plusieurs millions de familles, écoles et hôpitaux ont bénéficié de ces colis. CARE-France est l’une des 12 antennes nationales de l’association humanitaire CARE-International et a été fondée, entre autres, par le banquier Jean Guyot et l’avocat Jean Lisbonne.
CARE au sein de la construction Européenne et du Plan Marshall
C.A.R.E est l’acronyme de « Cooperative for American Remittances to Europe » puis de « Cooperative for American Relief Everywhere ». Dans l’optique du Plan Marshall, les Européens devaient être assistés et protégés, au besoin malgré eux, face à la menace soviétique. pour ce faire, ils devaient porter « les valeurs américaines » à la fois conservatrices et libérales et devenir des alliés inconditionnel des États-unis.
La CIA, à partir de 1948, et l’OTAN, à partir de 1949, mirent en place les réseaux stay-behind, chargés de prévenir l’arrivée des communistes au pouvoir et d’ organiser la résistance en cas d’invasion par l’Armée rouge. Ils seront découverts ultérieurement et connus sous le nom générique de Gladio. Dans la même veine, depuis les États-Unis l’ACUE (American Comittee on United Europe) subventionne toutes les organisations favorables à la construction européenne. Tandis que, côté européen, le « Comité d’action pour les États-Unis d’Europe » lui sert de relai. Il est présidé par le commissaire français au Plan, Jean Monnet. En outre, le Club de Bilderberg sélectionne et promeut les personnalités atlantistes en Europe.
Jean Guyot, du Trésor français au capitalisme anglo-saxon
Attaché au cabinet de Jean Monnet avant d’être sous-directeur du Trésor, Jean Guyot assure la liaison entre le Plan Marshall (USA) et le Commissariat général au Plan (France). Plus tard, en 1983, il fondera CARE-France avec le soutien du Plan Marshall comme CARE-International. Puis, en 1992, il créera la Fondation Hippocrène, reconnue d’utilité publique, « pour renforcer la cohésion entre jeunes Européens »
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Vient le temps de la CECA, la Communauté Économique du Charbon et de l’Acier, dont Monnet était le concepteur et Guyot le responsable financier. Selon sa biographie officielle, « Il contribue à crédibiliser la première institution de l’histoire de l’Europe auprès des milieux financiers européens et américains en permettant à la Haute Autorité de la CECA de lancer des emprunts en son nom qui, à l’époque, ne signifiait que peu de chose, en particulier auprès des investisseurs américains ». « Ces opérations sont réalisées avec l’aide d’un petit nombre de financiers dont André Meyer, associé de Lazard, David Rockefeller, qui dirige la Chase Manhattan Bank, et Siegmund Warburg. ».
Le haut fonctionnaire Guyot se rapproche ainsi des élites bancaires et financières internationales.
• André Meyer est un Français qui rejoignit la banque Lazard et s’installa aux États-Unis. Il devint « le plus important banquier d’investissement du monde occidental », selon sa nécrologie par le magazine Fortune.
• David Rockfeller, héritier de la Standard Oil, est à la fois la principale fortune des États-Unis et un homme d’influence. Il est notamment co-fondateur du Club de Bilderberg.
• Siegmund Warburg, fondateur de la principale banque d’investissement britannique, la S. G. Warburg & Co.
En 1955, Jean Guyot, sur les conseils de Jean Monnet, quitte la fonction publique et rejoint André Meyer à la banque Lazard, où il reste jusqu’en 2005. « La CECA accroît ainsi sa présence sur les marchés financiers internationaux et Lazard reste proche de l’institution européenne, dont la direction financière est assumée par Paul Delouvrier, successeur de Jean Guyot (…) Plus généralement, ce dernier œuvre en permanence pour la construction d’une Europe financière ».
Qu’en termes élégants ces choses là sont dites. Guyot banquier prête de l’argent aux institutions qu’il a dirigé lorsqu’il était haut fonctionnaire. Celles-ci s’endettent pour le plus grand profit de Lazard Frères.
ONG : Impartialité face aux gouvernements ?
Fondée en 1983 par Jean Guyot, CARE-France a été ultérieurement présidé par Marina de Brantes, et aujourd’hui par Arielle de Rothschild. Elle est reconnue d’utilité publique par la République française. Sur son site internet, l’ONG se définit comme suit : « CARE est une association de solidarité internationale, non confessionnelle et apolitique ». Est-ce vraiment sûr ?
Prenons l’exemple de la Palestine occupée où CARE-France dépense 3 millions d’euros annuels, soit 20 % de son buget, officiellement pour l’assainissement de l’eau et l’approvisionnement en médicaments. Dans sa documentation, l’ONG s’abstient de toute prise de positions sur les conflits de cette région. Mais dans son rapport moral 2008, elle se vante d’avoir organisé une prestigieuse manifestation en France : « Le Conseil Pasteur-Weizmann et CARE se sont associés lors d’une soirée exceptionnelle à l’Opéra de Paris, en présence et en l’honneur de Shimon Peres, président de l’État d’Israël et Prix Nobel de la Paix, à l’occasion de sa visite officielle en France et sous la présidence de Simone Veil et de Lily Safra. L’entière recette a été affectée à la recherche scientifique de Pasteur Weizmann et aux programmes humanitaires de CARE ».
On peut légitimement se poser la question de la nature des actions menées en Palestine occupée compte tenu des liens historiques de la famille Rothschild avec l’État d’Israël et du parrainage revendiqué par l’ONG à l’occasion de cette soirée de gala.
ONG et institutions intergouvernementales
À défaut d’assumer leurs liens avec des gouvernements, les ONG transnationales affichent volontiers leurs liens avec des institutions
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au Forum de Davos, 31 janvier 2009
.intergouvernementales. Cet aspect est souvent perçu comme un gage de compétence et d’impartialité. Mais cela est bien sûr ?
Ainsi, pour revenir à notre cas d’école, CARE-USA (la maison-mère) est administrée par une brochette d’anciens responsables de la Banque mondiale, à commencer par son président W. Bowman Cutter et sa directrice générale Helene D. Gayle. Selon le site internet de l’ONG, son activité principale est la lutte contre la pauvreté et la faim, dans la tradition de ce qu’elle a entrepris en Europe à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. Elle revendique de pratiquer un intense lobbying auprès du Congrès et de l’administration Obama pour la mise en place d’un vaste programme public permettant de répondre à la crise alimentaire mondiale actuelle.
Or, la plupart des observateurs considèrent que cette crise alimentaire est imputable aux politiques imposées dans les années précédentes par la Banque mondiale pour imposer la globalisation économique. Dès lors, l’activité humanitaire de CARE apparaît comme une tentative de limiter les effets sociaux dévastateurs de la politique impériale mise en œuvre par la Banque mondiale.
Impartialité face aux intérêts économiques ?
Revenons à Paris. En ce qui concerne la carrière personnelle d’Arielle de Rothschild, en beaucoup de points similaire à celle de ses prédécesseurs Jean Guyot et Marina de Brantes, elle indique une interview à BFM avoir travaillé pour le groupe Rothschild, puis avoir rejoint la banque Lazard. À ce titre, elle a organisé la privatisation de la banque Sahara en Libye (rachetée par BNP Paribas). Lorsque la journaliste lui demande si ses anciennes activités vont lui permettre de diriger CARE-France avec facilité. Elle confirme en indiquant : « Les interlocuteurs in fine sont les mêmes- »
Les banques d’affaires sont des banques de capitaux au long terme, spécialisées dans le financement d’entreprises. Y travailler permet de tisser des liens étroits avec les hauts dirigeants des transnationales, les fameux « interlocuteurs » de Lazard et de CARE. C’est sans doute pourquoi on peut lire, sur le site internet de l’ONG : « Pourquoi devenir [une entreprise] partenaire de CARE-France ?
• Parce que CARE est une des seules ONG de développement à pouvoir accompagner aussi les entreprises sur leur responsabilité sociale et environnementale
• Pour l’approche globale, partenariale et participative de CARE
• Pour l’approche « pro entreprise » constructive de CARE
• Pour la capacité de CARE à décliner des opérations/campagnes au niveau mondial ».
Partenariats ONG-entreprises
Les partenariats ONG-entreprises sont pour beaucoup d’entre-eux des partenariats ONG-transnationales. Ce mélange des genres ne fait l’unanimité parmi les associations. Il est régulièrement dénoncé, notamment en France par Survie ou Attac. Il existe même des collectifs qui réunissent ces protestataires pour des actions ponctuelles. Ainsi le collectif « Areva ne fera pas la loi au Niger » a récemment dénoncé un partenariat entre Médecins du Monde, Sherpa et Areva.
Pour les entreprises transnationales concernées, ces partenariats sont l’occasion de faire oublier leur rôle politique contesté et de s’attacher la sympathie que le public éprouve pour l’action des ONG. Dans certains cas, la contradiction est totale entre la pratique des uns et les idéaux affichés par les autres. En d’autres termes, certaines ONG ne défendent pas les idéaux dont elles se réclament, mais servent à blanchir les transnationales qui les subventionnent. Pis, des ONG peuvent utiliser leur statut pour permettre à des entreprises transnationales de jouer un rôle politique masqué. Ce phénomène va croissant avec le développement du rôle des OSC (Organismes de la société civile) au sein de l’ONU.
Pour CARE, la liste des entreprises partenaires parle d’elle même : Orange, Sanofi-Aventis, Lafarge, EDF, Starbucks... ; des entreprises qui animent divers lobbies au sein de l’Union européenne, de l’OMS, de l’OMC.
Lafarge est un bon exemple. C’est un groupe français de matériaux de construction, leader mondial des cimentiers. Son activité est très polluante et il l’a développée en provoquant de sévères dommages à l’environnement. Aujourd’hui dirigée par Bruno Lafont, l’entreprise comptait il y a quelques années Hillary Clinton parmi ses administrateurs. À l’époque, la première dame des États-Unis était intervenue pour réduire de 60 % une colossale amende exigée de l’entreprise pour ses violations des lois pourtant laxistes aux États-Unis sur l’environnement. Lafarge est membre de puissants groupes de pression, tel que Entreprises pour l’Environnement (EPE) —que Bruno Lafont préside— ou le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD), sans parler de l’European Roundtable of Industrialists (ERT). Et bien sûr, Bruno Lafont participait à la dernière réunion du Club de Bilderberg. Pour l’entreprise transnationale, associer son image à des actions humanitaires, comme celles de CARE-France, est une nécessité de communication.
Complexités du pouvoir et du contre-pouvoir dans la « gouvernance globale »
Il ne s’agit pas ici de minimiser l’apport des ONG sur la scène internationale, ni de les stigmatiser dans leur ensemble au prétexte de la dérive de quelques unes, fussent-elles les plus visibles. Cette réserve ne doit cependant pas nous priver de lucidité face à un phénomène de fond.
Après les États et les entreprises transnationales, c’est au tour des ONG de faire irruption sur la scène politique mondiale. Elles exercent un « soft power », selon l’expression du professeur Joseph Nye, c’est-à-dire une forme de pouvoir moral. Mais constituent-elles pour autant un contre-pouvoir ? Ce n’est qu’exceptionnellement le cas. Plus généralement, les organisations non-gouvernementales agissent de manière autonome, mais sont subventionnées par des gouvernements ou financées par des entreprises parce que leur action prolonge leur politique.
Dans le cas de CARE-International, l’ONG est une création indirecte du gouvernement états-unien dans le cadre du Plan Marshall. Elle poursuit des objectifs particuliers qui s’incrivent dans ceux du Plan et renforcent l’image philanthropique de la politique des États-Unis pour la reconstruction post-Seconde Guerre mondiale. Son action caritative non-gouvernementale participe d’un plan de communication gouvernementale. Aujourd’hui, sa branche française remplit toujours la même fonction, mais sur d’autres théâtres d’opération. Ainsi, son action caritative non-gouvernementale en Palestine occupée participe du plan de communication du gouvernement colonial israélien. En outre, CARE-France est financée par des banques et des transnationales qui utilisent son image de bienfaisance pour faire taire les critiques qui les accusent de se comporter comme des prédateurs économiques plutôt que comme des créateurs de richesses.
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le spécialiste de la création d’ONG pour le compte de transnationales,
est aujourd’hui conseiller en communication de Barack Obama
.Aux États-Unis, le cabinet ASK Public Strategies s’est spécialisé dans la création d’ONG pour le compte de transnationales. Le but est de permettre aux entreprises de peser indirectement sur le débat public. Cette méthode suppose évidemment que l’on conserve secret le lien entre l’ONG et la transnationale qui la finance. La découverte de celui-ci peut s’avérer dangereux, comme lorsque la presse révéla que l’association de consommateurs pour une électricité fiable, CORE, était en réalité une création d’ASK Public Strategies pour le compte des centrales nucléaires civiles Excelon. Quoi qu’il en soit, le fondateur d’ASK Public Strategies, David Axelrod, est aujourd’hui le conseiller principal du président Barack Obama.
Au début du XXe siècle, le sénateur belge Henri La Fontaine créa l’Union des associations internationales. Celle-ci joua un rôle dans la constition de la Société des Nations, ancêtre de l’ONU, et de l’Institut international de coopération intellectuelle, qui préfigura l’UNESCO. À l’époque, l’idée était que la paix n’était pas simplement affaire des gouvernements, mais concernait tout un chacun. Les associations se devaient de jouer un rôle éducatif.
Aujourd’hui, le Conseil économique et social des Nations Unies a accordé un statut consultatif à 3 195 ONG qui leur permet d’avoir accès aux conférences internationales à la fois pour s’y informer et pour pousser leur idées. Leur liste constitue un inventaire à la Prévert. Bien sûr, aux côtés de CARE-International, on trouve des associations regroupant des entreprises transnationales (par exemple le Business Council for Sustainable Development cité plus haut ou le World Economic Forum de Davos) et des associations paravent de la CIA (comme la Ford Foundation ou la Freedom House). En d’autres termes, avec le temps, on s’est singulièrement éloigné du principe fondateur de participation des individus à la paix.
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Dans cette perspective, Jacques Attali a proposé de créer une Organisation des Associations Unies, dotée d’un pouvoir décisionnaire et participant à une nouvelle « gouvernance mondiale ». Les ONG tireraient leur légitimité de leurs « combats pour la mise en œuvre des fondements de la démocratie : la liberté d’expression, la protection des femmes et des enfants, la lutte contre la peine de mort, le droit au travail, le droit au crédit, le droit au logement » (sic). Ce projet consacre la lente dérive de grandes ONG qui entendent utiliser leur image pour s’emparer de leviers de décision politique au détriment de la souveraineté des peuples.
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Julien Teil avec la rédaction du Réseau Voltaire
mercredi 29 juillet 2009
Terrorisme : les USA autorisés à garder un œil sur les transactions en Europe
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Les Vingt-Sept ont accepté de prolonger jusqu’à 2010 le droit de regard des États-Unis sur les mouvements financiers de 450 millions d’Européens.
La décision, confirmée lundi par les ministres des Affaires étrangères, prend la forme d’un mandat de négociation avec Washington, confié à la Commission européenne. Il n’est pas question de donner carte blanche aux Américains, insiste-t-on à Bruxelles. Huit ans après les attaques du 11 septembre 2001, « il s’agit de maintenir provisoirement ce qui existe et d’éviter une rupture extrêmement dangereuse dans une surveillance qui montre son efficacité, affirme Jacques Barrot, commissaire européen chargé du dossier. Il est établi que le système est utile à l’Europe et qu’il permit d’éviter plusieurs attentats ».
L’argent est le nerf de la guerre et il offre l’avantage de laisser des traces, à la différence de terroristes aussi furtifs que l’ombre. C’est la logique du mécanisme mis en place au début de l’ère Bush et que l’Administration Obama souhaite maintenir : garder l’œil sur l’ensemble des transactions financières, privées comme publiques, avec comme plaque tournante le système Swift (*). Ce réseau coopératif de plus de 8 000 banques voit défiler en temps réel tous les mouvements des deux côtés de l’Atlantique et dans plus de 200 pays.
« Jouer avec le feu »
La reconduction, au creux de l’été, de ce que la commission Barroso présente comme la simple poursuite du statu quo ante préfigure deux enjeux bien plus lourds pour la rentrée. Le premier est l’existence ou non d’un contrôle sur un accord qui touche clairement la vie privée des Européens. La décision annoncée lundi n’implique aucune approbation parlementaire ni au niveau national ni au niveau européen. Le commissaire Barrot s’est cependant engagé à rendre compte aux Eurodéputés, début septembre.
Le débat s’est enflammé ces derniers jours, en particulier en Allemagne, chez les libéraux du FDP et jusque dans les rangs de la CSU d’Angela Merkel. À Bruxelles, Daniel Cohn-Bendit, leader européen des Verts, accuse José-Manuel Barroso « de jouer avec le feu » en ignorant le parlement européen. « Il est inconcevable que le renseignement américain puisse fouiller dans nos comptes en banque sans que les députés aient leur mot à dire », affirme-t-il. Au nom des libéraux européens de l’Adle, la Néerlandaise Sophia Veld s’étonne que les Vingt-Sept décident « en vitesse et en catimini, au beau milieu des vacances ».
Marchandage à venir
Tout aussi contentieux s’annonce le marchandage à venir entre l’UE et Washington sur la protection des données de la vie privée, en général. L’élection de Barack Obama a réinstillé la confiance dans les relations transatlantiques, et l’Europe veut en profiter pour sauvegarder, à partir du territoire américain, l’intégrité des informations personnelles sur ses ressortissants. Cela va des données commerciales collectées via Internet aux renseignements tirés de Swift. Les États-Unis ont leurs propres lois (privacy laws), mais elles ne s’appliquent pas aux étrangers. Il s’agit, dit Jacques Barrot, d’introduire enfin la réciprocité de traitement.
Le souhait affiché de l’Union européenne de mieux préserver les données personnelles risque pourtant de se heurter à l’intérêt immédiat des pays membres, et notamment aux réalités policières de la lutte antiterroriste : les États-Unis disposent « d’un cadre législatif, de moyens et d’un savoir-faire » incomparable dans la collecte du renseignement, relevait lundi une porte-parole de la commission à propos de Swift. En pratique, les capitales européennes semblent disposées à transiger et à tolérer l’œil inquisiteur des services américains aussi longtemps que Washington partage l’information…
* Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication
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Les Vingt-Sept ont accepté de prolonger jusqu’à 2010 le droit de regard des États-Unis sur les mouvements financiers de 450 millions d’Européens.
La décision, confirmée lundi par les ministres des Affaires étrangères, prend la forme d’un mandat de négociation avec Washington, confié à la Commission européenne. Il n’est pas question de donner carte blanche aux Américains, insiste-t-on à Bruxelles. Huit ans après les attaques du 11 septembre 2001, « il s’agit de maintenir provisoirement ce qui existe et d’éviter une rupture extrêmement dangereuse dans une surveillance qui montre son efficacité, affirme Jacques Barrot, commissaire européen chargé du dossier. Il est établi que le système est utile à l’Europe et qu’il permit d’éviter plusieurs attentats ».
L’argent est le nerf de la guerre et il offre l’avantage de laisser des traces, à la différence de terroristes aussi furtifs que l’ombre. C’est la logique du mécanisme mis en place au début de l’ère Bush et que l’Administration Obama souhaite maintenir : garder l’œil sur l’ensemble des transactions financières, privées comme publiques, avec comme plaque tournante le système Swift (*). Ce réseau coopératif de plus de 8 000 banques voit défiler en temps réel tous les mouvements des deux côtés de l’Atlantique et dans plus de 200 pays.
« Jouer avec le feu »
La reconduction, au creux de l’été, de ce que la commission Barroso présente comme la simple poursuite du statu quo ante préfigure deux enjeux bien plus lourds pour la rentrée. Le premier est l’existence ou non d’un contrôle sur un accord qui touche clairement la vie privée des Européens. La décision annoncée lundi n’implique aucune approbation parlementaire ni au niveau national ni au niveau européen. Le commissaire Barrot s’est cependant engagé à rendre compte aux Eurodéputés, début septembre.
Le débat s’est enflammé ces derniers jours, en particulier en Allemagne, chez les libéraux du FDP et jusque dans les rangs de la CSU d’Angela Merkel. À Bruxelles, Daniel Cohn-Bendit, leader européen des Verts, accuse José-Manuel Barroso « de jouer avec le feu » en ignorant le parlement européen. « Il est inconcevable que le renseignement américain puisse fouiller dans nos comptes en banque sans que les députés aient leur mot à dire », affirme-t-il. Au nom des libéraux européens de l’Adle, la Néerlandaise Sophia Veld s’étonne que les Vingt-Sept décident « en vitesse et en catimini, au beau milieu des vacances ».
Marchandage à venir
Tout aussi contentieux s’annonce le marchandage à venir entre l’UE et Washington sur la protection des données de la vie privée, en général. L’élection de Barack Obama a réinstillé la confiance dans les relations transatlantiques, et l’Europe veut en profiter pour sauvegarder, à partir du territoire américain, l’intégrité des informations personnelles sur ses ressortissants. Cela va des données commerciales collectées via Internet aux renseignements tirés de Swift. Les États-Unis ont leurs propres lois (privacy laws), mais elles ne s’appliquent pas aux étrangers. Il s’agit, dit Jacques Barrot, d’introduire enfin la réciprocité de traitement.
Le souhait affiché de l’Union européenne de mieux préserver les données personnelles risque pourtant de se heurter à l’intérêt immédiat des pays membres, et notamment aux réalités policières de la lutte antiterroriste : les États-Unis disposent « d’un cadre législatif, de moyens et d’un savoir-faire » incomparable dans la collecte du renseignement, relevait lundi une porte-parole de la commission à propos de Swift. En pratique, les capitales européennes semblent disposées à transiger et à tolérer l’œil inquisiteur des services américains aussi longtemps que Washington partage l’information…
* Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication
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Jean-Jacques Mével
Les « grandes oreilles » amplifient les écoutes
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Alors que les écoutes téléphoniques et interceptions de mails se multiplient, des microsatellites espions tournent en orbite pour les services secrets. La France tente de combler son retard.
Une étude très fouillée tord le cou à l’idée répandue selon laquelle la France serait en proie à un totalitarisme orwellien. Publiée cette année par Claudine Guerrier, enseignante et chercheuse à Télécom et École de management Sud-Paris, elle démontre que les écoutes téléphoniques pratiquées à la demande d’un magistrat sont moins courantes que dans nos pays voisins. Le document, rédigé sur 133 pages, révèle que, selon le ministère de la Justice, « la France est l’un des pays européens qui pratique le moins d’interceptions judiciaires : quinze fois moins que l’Italie, douze fois moins que les Pays-Bas et trois fois moins qu’en Allemagne ». L’auteur rappelle qu’« il y a environ 20 000 écoutes téléphoniques judiciaires par an, qui présentent 30 % des interceptions globales » . Les 70 % du reste des demandes portent sur des échanges liés à Internet.
497 euros l’interception
Si la France n’est pas en pointe en matière d’écoutes, les magistrats, et en particulier les juges d’instruction, ont mis les bouchées doubles pour rattraper le temps perdu. Ainsi, selon les derniers chiffres rendus publics, le nombre des interceptions judiciaires a explosé de plus de 440 % en sept ans, passant de 5 845 en 2001 à 26 000 en 2008 ! De quoi grever le budget de la Chancellerie, sachant que les opérateurs et leurs prestataires critiqués pour leur gourmandise facturent 497 euros hors taxes chaque interception sur une ligne fixe. Le coût du traitement d’un appel sur un téléphone mobile a été limité à 88 euros hors taxes.
Aujourd’hui encore, ces interceptions judiciaires sont pratiquées à travers quelque 200 microcentres dans des locaux de police et gendarmerie disséminés à travers la France. Leur centralisation au sein d’une inédite plate-forme unique, montant en puissance dans un lieu tenu secret en région parisienne, pourrait dégager 45 millions d’économie.
À l’augmentation exponentielle des écoutes demandées par les magistrats, « il convient d’ajouter, note Claudine Guerrier, les 5 906 interceptions administratives » effectuées en 2008.
Ces dernières, aussi appelées interceptions de « sécurité », sont pratiquées à la demande même des services spécialisés d’investigation et de renseignements, tels que la DGSE, la DCRI (contre-espionnage) ou encore la Direction nationale de recherches des enquêtes douanières (DNRED). Leur objectif vise à détecter toute atteinte à la sécurité nationale, à prévenir les visées terroristes ou certaines affaires d’intelligence économique. Pour ce faire, une trentaine de techniciens du Groupement interministériel de contrôle (GIC), organisme dépendant du premier ministre, s’activent dans les sous-sols des Invalides. Là encore, dans la plus grande confidentialité.
Exhaustive, l’étude montre par ailleurs que les services secrets ont mis aussi les bouchées doubles pour intercepter à des centaines de kilomètres d’altitude des échanges de mails, de télécopies mais aussi des conversations téléphoniques depuis des postes fixes ou mobiles.
« Frenchelon »
Dès 1995 et 1999, des microsatellites espions, surnommés « Cerise » et « Clémentine », ont été discrètement mis en orbite pour informer les « grandes oreilles » du ministère de la Défense. Véritables « mouchards » de l’espace, ils ont fait figure de pionniers dans le nouveau paysage du réseau d’interception français, fondé sur des requêtes très ciblées. Le système a été complété dès 2004 par le programme Essaim regroupant quatre autres engins de 120 kg, susceptibles de capter des données sensibles sur des bandes de territoire de 5 000 kilomètres de large. Cet univers secret est surnommé avec ironie « Frenchelon » par les Anglo-Saxons, en référence au tentaculaire réseau d’écoute américain Échelon de la National Security Agency (NSA), retranché à Fort George G. Meade, dans le Maryland.
« Menace pour la vie privée »
Selon Claudine Guerrier, deux entités, la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) et la Direction du renseignement militaire (DRM), sont à la manœuvre. Notamment grâce à ses bases d’interceptions techniques déployées à Alluets-Feucherolles (Yvelines), Domme (Dordogne), Mutzig (Bas-Rhin), Solenraza (Corse-du-Sud), sur le plateau d’Albion ou encore la base aéronavale de Tontouta, en Nouvelle-Calédonie. « Censé servir à collecter des informations pour la Défense nationale, afin de prévenir les conflits, lutter contre le terrorisme et la prolifération des armes nucléaires, ce réseau est soupçonné d’espionnage économique », assure Claudine Guerrier. Soulignant que ces interceptions ne font l’objet d’aucun contrôle émanant d’organisme indépendant, l’étude évoque une « menace pour la vie privée ».
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Alors que les écoutes téléphoniques et interceptions de mails se multiplient, des microsatellites espions tournent en orbite pour les services secrets. La France tente de combler son retard.
Une étude très fouillée tord le cou à l’idée répandue selon laquelle la France serait en proie à un totalitarisme orwellien. Publiée cette année par Claudine Guerrier, enseignante et chercheuse à Télécom et École de management Sud-Paris, elle démontre que les écoutes téléphoniques pratiquées à la demande d’un magistrat sont moins courantes que dans nos pays voisins. Le document, rédigé sur 133 pages, révèle que, selon le ministère de la Justice, « la France est l’un des pays européens qui pratique le moins d’interceptions judiciaires : quinze fois moins que l’Italie, douze fois moins que les Pays-Bas et trois fois moins qu’en Allemagne ». L’auteur rappelle qu’« il y a environ 20 000 écoutes téléphoniques judiciaires par an, qui présentent 30 % des interceptions globales » . Les 70 % du reste des demandes portent sur des échanges liés à Internet.
497 euros l’interception
Si la France n’est pas en pointe en matière d’écoutes, les magistrats, et en particulier les juges d’instruction, ont mis les bouchées doubles pour rattraper le temps perdu. Ainsi, selon les derniers chiffres rendus publics, le nombre des interceptions judiciaires a explosé de plus de 440 % en sept ans, passant de 5 845 en 2001 à 26 000 en 2008 ! De quoi grever le budget de la Chancellerie, sachant que les opérateurs et leurs prestataires critiqués pour leur gourmandise facturent 497 euros hors taxes chaque interception sur une ligne fixe. Le coût du traitement d’un appel sur un téléphone mobile a été limité à 88 euros hors taxes.
Aujourd’hui encore, ces interceptions judiciaires sont pratiquées à travers quelque 200 microcentres dans des locaux de police et gendarmerie disséminés à travers la France. Leur centralisation au sein d’une inédite plate-forme unique, montant en puissance dans un lieu tenu secret en région parisienne, pourrait dégager 45 millions d’économie.
À l’augmentation exponentielle des écoutes demandées par les magistrats, « il convient d’ajouter, note Claudine Guerrier, les 5 906 interceptions administratives » effectuées en 2008.
Ces dernières, aussi appelées interceptions de « sécurité », sont pratiquées à la demande même des services spécialisés d’investigation et de renseignements, tels que la DGSE, la DCRI (contre-espionnage) ou encore la Direction nationale de recherches des enquêtes douanières (DNRED). Leur objectif vise à détecter toute atteinte à la sécurité nationale, à prévenir les visées terroristes ou certaines affaires d’intelligence économique. Pour ce faire, une trentaine de techniciens du Groupement interministériel de contrôle (GIC), organisme dépendant du premier ministre, s’activent dans les sous-sols des Invalides. Là encore, dans la plus grande confidentialité.
Exhaustive, l’étude montre par ailleurs que les services secrets ont mis aussi les bouchées doubles pour intercepter à des centaines de kilomètres d’altitude des échanges de mails, de télécopies mais aussi des conversations téléphoniques depuis des postes fixes ou mobiles.
« Frenchelon »
Dès 1995 et 1999, des microsatellites espions, surnommés « Cerise » et « Clémentine », ont été discrètement mis en orbite pour informer les « grandes oreilles » du ministère de la Défense. Véritables « mouchards » de l’espace, ils ont fait figure de pionniers dans le nouveau paysage du réseau d’interception français, fondé sur des requêtes très ciblées. Le système a été complété dès 2004 par le programme Essaim regroupant quatre autres engins de 120 kg, susceptibles de capter des données sensibles sur des bandes de territoire de 5 000 kilomètres de large. Cet univers secret est surnommé avec ironie « Frenchelon » par les Anglo-Saxons, en référence au tentaculaire réseau d’écoute américain Échelon de la National Security Agency (NSA), retranché à Fort George G. Meade, dans le Maryland.
« Menace pour la vie privée »
Selon Claudine Guerrier, deux entités, la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) et la Direction du renseignement militaire (DRM), sont à la manœuvre. Notamment grâce à ses bases d’interceptions techniques déployées à Alluets-Feucherolles (Yvelines), Domme (Dordogne), Mutzig (Bas-Rhin), Solenraza (Corse-du-Sud), sur le plateau d’Albion ou encore la base aéronavale de Tontouta, en Nouvelle-Calédonie. « Censé servir à collecter des informations pour la Défense nationale, afin de prévenir les conflits, lutter contre le terrorisme et la prolifération des armes nucléaires, ce réseau est soupçonné d’espionnage économique », assure Claudine Guerrier. Soulignant que ces interceptions ne font l’objet d’aucun contrôle émanant d’organisme indépendant, l’étude évoque une « menace pour la vie privée ».
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Christophe Cornevin
Les SMS intéressent de plus en plus la police
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Les réquisitions des services de renseignement et de PJ ont littéralement explosé. Au printemps, l’affaire d’Abbeville a réveillé la crainte des cabinets noirs électroniques.
Alors que la super-plate-forme d’écoutes de la justice tarde à se mettre en place, la mini-plate-forme de la police pour capter les SMS a pris un rythme industriel : 800 requêtes par semaine, soit plus de 40 000 par an. C’est deux fois plus que les prévisions annoncées par les experts lors de son lancement en mai 2007. Seules les données de connexion sont transmises par les opérateurs pour savoir qui a contacté qui, où et quand. Et uniquement dans les affaires de terrorisme, à titre préventif.
La police ne se fait pas communiquer, à ce stade, le contenu des textos ou des courriels. Et c’est l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) qui veille au respect des procédures. Physiquement, la plate-forme est installée dans les locaux de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) à Levallois-Perret(Hauts-de-Seine). La police des polices ne se contente pas d’un rôle de contrôle. Elle réfléchit à l’impact des technologiques sur le travail des services. Dans un objectif bien compris d’amélioration de l’efficacité policière.
Il faut, par exemple, que les bases de données transmises en direct par les opérateurs puissent être exploitées par les applications de la police. Régler, en somme, des problèmes d’incompatibilité des protocoles et des logiciels utilisés.
Et puis imaginer avec des acteurs privés les outils dont la police pourrait avoir besoin demain pour lutter contre le crime organisé et le terrorisme.
« Pour faire dérailler un train, t’as une solution ? »
Le 16 avril dernier, l’affaire d’Abbeville (Somme) a réveillé certaines craintes face au pouvoir grandissant de la police. Ce jour-là, Stéphane, un menuisier de 29 ans, s’est trouvé placé en garde à vue au commissariat de la ville qui le suspectait d’être un agent subversif. Sur un téléphone professionnel que le jeune homme avait rendu à Bouygues Telecom, l’un de ses amis avait envoyé ce SMS pour plaisanter : « Pour faire dérailler un train, t’as une solution ? » Dans le contexte de l’affaire de Tarnac, où des individus sont suspectés d’avoir voulu faire dérailler un TGV, ce message a donc éveillé les soupçons. Mais comment la police a-t-elle été avertie ?
Officiellement, par le biais de l’utilisateur qui a récupéré ensuite ce téléphone de prêt : un agent de sécurité SNCF…
Le pauvre menuisier reste perplexe. D’autant que la justice et le fournisseur d’accès ne parlent pas d’une même voix dans ce dossier. « L’opérateur a le droit de consulter ces messages et le devoir d’alerter les autorités s’il estime qu’un crime ou un délit est susceptible d’être commis », a ainsi assuré le procureur d’Abbeville, Éric Fouard.
Tandis que Bouygues Telecom réfute cet argument et prétend avoir diligenté une « enquête interne ». De quoi alimenter toutes les rumeurs sur la possible violation des correspondances privées à titre préventif au nom de la raison d’État. À tort ou à raison, ce fait divers alimente le soupçon sur la constitution en France de véritables cabinets noirs électroniques.
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Les réquisitions des services de renseignement et de PJ ont littéralement explosé. Au printemps, l’affaire d’Abbeville a réveillé la crainte des cabinets noirs électroniques.
Alors que la super-plate-forme d’écoutes de la justice tarde à se mettre en place, la mini-plate-forme de la police pour capter les SMS a pris un rythme industriel : 800 requêtes par semaine, soit plus de 40 000 par an. C’est deux fois plus que les prévisions annoncées par les experts lors de son lancement en mai 2007. Seules les données de connexion sont transmises par les opérateurs pour savoir qui a contacté qui, où et quand. Et uniquement dans les affaires de terrorisme, à titre préventif.
La police ne se fait pas communiquer, à ce stade, le contenu des textos ou des courriels. Et c’est l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) qui veille au respect des procédures. Physiquement, la plate-forme est installée dans les locaux de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) à Levallois-Perret(Hauts-de-
Il faut, par exemple, que les bases de données transmises en direct par les opérateurs puissent être exploitées par les applications de la police. Régler, en somme, des problèmes d’incompatibilité des protocoles et des logiciels utilisés.
Et puis imaginer avec des acteurs privés les outils dont la police pourrait avoir besoin demain pour lutter contre le crime organisé et le terrorisme.
« Pour faire dérailler un train, t’as une solution ? »
Le 16 avril dernier, l’affaire d’Abbeville (Somme) a réveillé certaines craintes face au pouvoir grandissant de la police. Ce jour-là, Stéphane, un menuisier de 29 ans, s’est trouvé placé en garde à vue au commissariat de la ville qui le suspectait d’être un agent subversif. Sur un téléphone professionnel que le jeune homme avait rendu à Bouygues Telecom, l’un de ses amis avait envoyé ce SMS pour plaisanter : « Pour faire dérailler un train, t’as une solution ? » Dans le contexte de l’affaire de Tarnac, où des individus sont suspectés d’avoir voulu faire dérailler un TGV, ce message a donc éveillé les soupçons. Mais comment la police a-t-elle été avertie ?
Officiellement, par le biais de l’utilisateur qui a récupéré ensuite ce téléphone de prêt : un agent de sécurité SNCF…
Le pauvre menuisier reste perplexe. D’autant que la justice et le fournisseur d’accès ne parlent pas d’une même voix dans ce dossier. « L’opérateur a le droit de consulter ces messages et le devoir d’alerter les autorités s’il estime qu’un crime ou un délit est susceptible d’être commis », a ainsi assuré le procureur d’Abbeville, Éric Fouard.
Tandis que Bouygues Telecom réfute cet argument et prétend avoir diligenté une « enquête interne ». De quoi alimenter toutes les rumeurs sur la possible violation des correspondances privées à titre préventif au nom de la raison d’État. À tort ou à raison, ce fait divers alimente le soupçon sur la constitution en France de véritables cabinets noirs électroniques.
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Jean-Marc Leclerc
Les logiciels-espions de la police inquiètent les gardiens des libertés
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Les logiciels-espions de la police, introduits à distance dans l’ordinateur d’une personne sans son consentement, inquiètent. Dans un avis qu’elle devait rendre public vendredi 24 juillet - appliquant ainsi pour la première fois la loi du 12 mai sur la clarification du droit -, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) réclame des garanties sur leur utilisation. En utilisant l’image d’un "coffre-fort logique", elle suggère de limiter l’usage de ces outils pour qu’ils ne soient pas à la disposition d’un trop grand nombre de fonctionnaires sans l’autorisation d’un juge.
La reconnaissance légale de ces logiciels figure dans le projet de loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (Loppsi II). Il doit être débattu à l’Assemblée nationale à la fin de l’année et définit, pour la période 2009-2013, les moyens alloués à la police. Ce texte ajoute dans le code pénal dix nouveaux articles sur la "captation des données informatiques en matière de criminalité organisée". Sous le contrôle d’un juge dans le cadre d’une information judiciaire, ces intrusions permettront aux policiers, "sans le consentement des intéressés, d’accéder à des données informatiques, de les observer, les collecter, les enregistrer, les conserver et les transmettre". Les lieux privés ou publics, comme les cybercafés, sont concernés.
Ces logiciels sont déjà bien connus des hackers (pirates) et de certaines officines de renseignement privées, qui n’ont pas hésité à s’en servir. En témoigne l’affaire d’espionnage de Greenpeace, qui a éclaté en avril, dans laquelle EDF est soupçonnée d’être le commanditaire.
Pour la CNIL, ces dispositions présentent un "caractère particulièrement sensible", car elles instituent "une importante exception" aux principes de la loi du 6 janvier 1978 relative à la protection des données personnelles, et doivent donc être "proportionnées au but poursuivi". En Allemagne, relève la CNIL, la Cour constitutionnelle fédérale a limité, en 2008, les intrusions policières à des situations de "menace concrète" en matière d’enlèvement, de meurtre ou d’"atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation". En France, l’utilisation potentielle de ces nouveaux outils est plus large.
La CNIL pointe l’impossibilité de réaliser un tri, dans la collecte des informations, "entre ce qui est utile ou non à la manifestation de la vérité". Les logiciels-espions sont ainsi faits qu’ils peuvent tout lire, que les données empruntent ou non un réseau de communication électronique. En clair, tout ce qui apparaît à l’écran peut être capté, y compris ce qui vient d’une clé USB. La Commission souligne ainsi "la portée" du projet "qui pourrait permettre l’enregistrement, pendant une durée d’au plus huit mois, de tous les caractères saisis au clavier, et de toutes les images affichées sur l’écran de tous les ordinateurs d’un point d’accès public à Internet et ce, à l’insu des utilisateurs".
Surtout, la CNIL s’est inquiétée de la collecte de données venant de personnes ou de lieux "habituellement" protégés, tels que les cabinets d’avocat, de médecin, d’huissier, ou les locaux d’un journal, via des ordinateurs portables notamment. La rédaction du projet de loi "permettrait de collecter des données transitant sur des systèmes utilisés par des personnes protégées par le législateur en raison des secrets particuliers liés à l’exercice de leur profession, ou de les collecter dans les lieux de travail ou domiciles de ces dernières", écrit-elle. Sur ce point, la CNIL, selon son secrétaire général, Yann Padova, aurait obtenu des garanties du gouvernement. Enfin, l’utilisation des logiciels espions étant soumise à l’autorisation d’un juge d’instruction, la Commission "s’interroge sur l’impact éventuel " de la réforme de la procédure pénale qui pourrait aboutir à la disparition dudit juge...
FICHIERS ÉTENDUS
Consultée sur d’autres articles de la Loppsi II, la CNIL s’est émue, en particulier, de l’extension de fichiers de police d’analyse sérielle, comme le fichier Salvac, créé en 2003 après les crimes de Michel Fourniret pour collecter et recouper les informations sur les tueurs en série, "à la petite et moyenne délinquance de masse". La Commission a constaté que l’usage des analyses sérielles serait étendu à des infractions moins graves, encourant des peines d’une durée de cinq ans d’emprisonnement. Les vols en récidive entreraient ainsi dans cette catégorie.
En outre, le champ de la collecte des données personnelles est étendu, dans le projet de loi, à toutes les personnes dont l’identité est citée dans une procédure judiciaire, qu’il s’agisse de l’entourage de personnes mises en cause ou de simples témoins cités dans les procès-verbaux. "Les fichiers d’analyse prendront une ampleur nouvelle, qui en change la nature, car ils ne seront plus limités aux infractions les plus graves", s’insurge la CNIL dans son avis, en se disant "extrêmement réservée sur la mise en oeuvre d’une telle extension"."Cela revient à faire du profilage, c’est un enjeu très lourd", explique son secrétaire général Yann Padova pour qui, cette méthode d’enquête, en vogue aux Etats-Unis, met à mal la notion de présomption d’innocence en présupposant que des individus cités, cumulant plusieurs caractéristiques, risquent de commettre un crime ou un délit. Mais là encore, selon M. Padova, le gouvernement serait revenu en arrière.
Les fichiers seront en outre ouverts à un plus grand nombre de destinataires. Au même titre que les policiers et les gendarmes, la douane judiciaire accédera aux informations des fichiers d’analyse sérielle. De même, le projet de loi envisage que l’administration pénitentiaire soit destinataire du fichier judiciaire national automatisé des auteurs d’infractions sexuelles (Fijais) lors de la mise sous écrou d’une personne. Il est prévu que les officiers de police judiciaire accèdent à ce fichier créé en 2004, sans le contrôle préalable d’un magistrat. Or la CNIL "ne souhaite pas voir remise en cause" cette autorisation "au regard du caractère extrêmement sensible et spécialisé de ce fichier".
Comme elle l’avait fait au mois de janvier lors de la remise de son rapport de contrôle sur le plus gros fichier de police, le STIC (Système de traitement des infractions constatées), la Commission rappelle son souhait de voir modifier la loi pour permettre les mises à jour des fichiers et l’effacement des données qui persistent même lors d’absence d’infraction constatée ou de classement sans suite.
Un avis qui ne porte que sur sept articles du projet de loi
Saisie pour avis par le ministère de l’intérieur sur le projet d’orientation et de programmation de la sécurité intérieure, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) s’est penchée sur le texte dès le 16 avril. Mais elle n’a pu le faire que dans le périmètre de sa saisine, 7 articles, alors que le projet de loi en contient plus de 40. Elle n’a pu ainsi se prononcer sur l’équilibre général ni même sur les nouvelles dispositions relatives à la vidéosurveillance, dont une partie pourra être déléguée à des partenaires privés. A la demande du président de la commission des lois de l’Assemblée, Jean-Luc Warsmann, l’avis de la CNIL est pour la première fois rendu public. Avant la loi du 12 mai sur la clarification du droit, cela restait confidentiel.
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Les logiciels-espions de la police, introduits à distance dans l’ordinateur d’une personne sans son consentement, inquiètent. Dans un avis qu’elle devait rendre public vendredi 24 juillet - appliquant ainsi pour la première fois la loi du 12 mai sur la clarification du droit -, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) réclame des garanties sur leur utilisation. En utilisant l’image d’un "coffre-fort logique", elle suggère de limiter l’usage de ces outils pour qu’ils ne soient pas à la disposition d’un trop grand nombre de fonctionnaires sans l’autorisation d’un juge.
La reconnaissance légale de ces logiciels figure dans le projet de loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (Loppsi II). Il doit être débattu à l’Assemblée nationale à la fin de l’année et définit, pour la période 2009-2013, les moyens alloués à la police. Ce texte ajoute dans le code pénal dix nouveaux articles sur la "captation des données informatiques en matière de criminalité organisée". Sous le contrôle d’un juge dans le cadre d’une information judiciaire, ces intrusions permettront aux policiers, "sans le consentement des intéressés, d’accéder à des données informatiques, de les observer, les collecter, les enregistrer, les conserver et les transmettre". Les lieux privés ou publics, comme les cybercafés, sont concernés.
Ces logiciels sont déjà bien connus des hackers (pirates) et de certaines officines de renseignement privées, qui n’ont pas hésité à s’en servir. En témoigne l’affaire d’espionnage de Greenpeace, qui a éclaté en avril, dans laquelle EDF est soupçonnée d’être le commanditaire.
Pour la CNIL, ces dispositions présentent un "caractère particulièrement sensible", car elles instituent "une importante exception" aux principes de la loi du 6 janvier 1978 relative à la protection des données personnelles, et doivent donc être "proportionnées au but poursuivi". En Allemagne, relève la CNIL, la Cour constitutionnelle fédérale a limité, en 2008, les intrusions policières à des situations de "menace concrète" en matière d’enlèvement, de meurtre ou d’"atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation". En France, l’utilisation potentielle de ces nouveaux outils est plus large.
La CNIL pointe l’impossibilité de réaliser un tri, dans la collecte des informations, "entre ce qui est utile ou non à la manifestation de la vérité". Les logiciels-espions sont ainsi faits qu’ils peuvent tout lire, que les données empruntent ou non un réseau de communication électronique. En clair, tout ce qui apparaît à l’écran peut être capté, y compris ce qui vient d’une clé USB. La Commission souligne ainsi "la portée" du projet "qui pourrait permettre l’enregistrement, pendant une durée d’au plus huit mois, de tous les caractères saisis au clavier, et de toutes les images affichées sur l’écran de tous les ordinateurs d’un point d’accès public à Internet et ce, à l’insu des utilisateurs".
Surtout, la CNIL s’est inquiétée de la collecte de données venant de personnes ou de lieux "habituellement" protégés, tels que les cabinets d’avocat, de médecin, d’huissier, ou les locaux d’un journal, via des ordinateurs portables notamment. La rédaction du projet de loi "permettrait de collecter des données transitant sur des systèmes utilisés par des personnes protégées par le législateur en raison des secrets particuliers liés à l’exercice de leur profession, ou de les collecter dans les lieux de travail ou domiciles de ces dernières", écrit-elle. Sur ce point, la CNIL, selon son secrétaire général, Yann Padova, aurait obtenu des garanties du gouvernement. Enfin, l’utilisation des logiciels espions étant soumise à l’autorisation d’un juge d’instruction, la Commission "s’interroge sur l’impact éventuel " de la réforme de la procédure pénale qui pourrait aboutir à la disparition dudit juge...
FICHIERS ÉTENDUS
Consultée sur d’autres articles de la Loppsi II, la CNIL s’est émue, en particulier, de l’extension de fichiers de police d’analyse sérielle, comme le fichier Salvac, créé en 2003 après les crimes de Michel Fourniret pour collecter et recouper les informations sur les tueurs en série, "à la petite et moyenne délinquance de masse". La Commission a constaté que l’usage des analyses sérielles serait étendu à des infractions moins graves, encourant des peines d’une durée de cinq ans d’emprisonnement. Les vols en récidive entreraient ainsi dans cette catégorie.
En outre, le champ de la collecte des données personnelles est étendu, dans le projet de loi, à toutes les personnes dont l’identité est citée dans une procédure judiciaire, qu’il s’agisse de l’entourage de personnes mises en cause ou de simples témoins cités dans les procès-verbaux. "Les fichiers d’analyse prendront une ampleur nouvelle, qui en change la nature, car ils ne seront plus limités aux infractions les plus graves", s’insurge la CNIL dans son avis, en se disant "extrêmement réservée sur la mise en oeuvre d’une telle extension"."Cela revient à faire du profilage, c’est un enjeu très lourd", explique son secrétaire général Yann Padova pour qui, cette méthode d’enquête, en vogue aux Etats-Unis, met à mal la notion de présomption d’innocence en présupposant que des individus cités, cumulant plusieurs caractéristiques, risquent de commettre un crime ou un délit. Mais là encore, selon M. Padova, le gouvernement serait revenu en arrière.
Les fichiers seront en outre ouverts à un plus grand nombre de destinataires. Au même titre que les policiers et les gendarmes, la douane judiciaire accédera aux informations des fichiers d’analyse sérielle. De même, le projet de loi envisage que l’administration pénitentiaire soit destinataire du fichier judiciaire national automatisé des auteurs d’infractions sexuelles (Fijais) lors de la mise sous écrou d’une personne. Il est prévu que les officiers de police judiciaire accèdent à ce fichier créé en 2004, sans le contrôle préalable d’un magistrat. Or la CNIL "ne souhaite pas voir remise en cause" cette autorisation "au regard du caractère extrêmement sensible et spécialisé de ce fichier".
Comme elle l’avait fait au mois de janvier lors de la remise de son rapport de contrôle sur le plus gros fichier de police, le STIC (Système de traitement des infractions constatées), la Commission rappelle son souhait de voir modifier la loi pour permettre les mises à jour des fichiers et l’effacement des données qui persistent même lors d’absence d’infraction constatée ou de classement sans suite.
Un avis qui ne porte que sur sept articles du projet de loi
Saisie pour avis par le ministère de l’intérieur sur le projet d’orientation et de programmation de la sécurité intérieure, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) s’est penchée sur le texte dès le 16 avril. Mais elle n’a pu le faire que dans le périmètre de sa saisine, 7 articles, alors que le projet de loi en contient plus de 40. Elle n’a pu ainsi se prononcer sur l’équilibre général ni même sur les nouvelles dispositions relatives à la vidéosurveillance, dont une partie pourra être déléguée à des partenaires privés. A la demande du président de la commission des lois de l’Assemblée, Jean-Luc Warsmann, l’avis de la CNIL est pour la première fois rendu public. Avant la loi du 12 mai sur la clarification du droit, cela restait confidentiel.
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Isabelle Mandraud
Loppsi : casse-tête en perspective pour la filière informatique
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Cette loi à venir envisage l’exploitation d’un dispositif, matériel ou logiciel, permettant des « captations numériques ». Elle suscite bien des questions chez les professionnels du secteur des TIC.
A l’instar d’autres pays comme les Etats-Unis ou l’Australie, le gouvernement français prévoit de recourir à des systèmes de captation de données numériques. En clair, le projet de loi d’orientation pour la programmation et la performance de la sécurité intérieure (Loppsi) autoriserait l’exploitation de logiciels espions. Selon l’article 23 de ce projet de loi, cette procédure serait limitée aux crimes et délits les plus graves (art. 706-73 du Code de procédure pénale) et serait fortement encadrée.
La forme définitive de ces « mouchards », – ne serait-ce que le choix d’une solution matérielle ou logicielle – n’est pas encore connue. Dans tous les cas, ils pourraient largement compliquer la tâche des différents acteurs de la sécurité : des DSI aux RSSI, en passant par les éditeurs d’antivirus et de systèmes d’exploitation.
Car l’installation de ces dispositifs sur un réseau d’entreprise sera délicate. Ils devront en effet résoudre un dilemme : être à la fois discrets – pour ne pas être repérés par les logiciels de sécurité – et assez efficaces pour récupérer des données susceptibles de constituer des preuves dans le cadre d’une enquête judiciaire.
Une contrainte supplémentaire pour l’entreprise...
« Cette orientation devrait conduire les RSSI à une nécessaire restructuration de leur démarche et de leurs actions de prévention et de protection : l’appréciation des risques induits doit être différenciée selon que l’information réside au sein du système ou qu’elle transite sur la station de l’usager », précise Thierry Durand, PDG de Phorcys, une société de conseil en sécurité de l’information.
« Sur les actions à prendre, les DSI et RSSI doivent déjà gérer un certain nombre de contraintes réglementaires : Cnil, conservation des logs, réponses à des enquêtes, protection des données financières… Il faudra bientôt composer avec une de plus. A nous de voir comment utiliser les solutions techniques existantes et à venir et, surtout, comment gérer les hommes : information, sensibilisation, chartes, responsabilisation, formation, actions correctives… », constate Eric Wiatrowski, chief security officer d’Orange Business Services.
Nicolas Ruff, expert en sécurité au centre de recherche d’EADS, affirme pour sa aprt : « La partie “mouchard” de la Loppsi ne me semble pas impacter les DSI. Si le suspect se trouve dans une entreprise, il suffit de demander à l’administrateur de domaine pour savoir tout ce qu’il fait sur son poste, de manière légitime et indétectable par l’utilisateur. Ou de revenir la nuit accompagné du responsable de la sécurité. »
... et des incertitudes du côté des éditeurs
Autre question : comment ce dispositif va-t-il se comporter face aux antivirus et pare-feu ? Sera-t-il furtif et indétectable, comme un rootkit, ou bloquera-t-il certaines fonctions des logiciels de sécurité ? « S’il s’agit d’un logiciel installé à l’insu des utilisateurs,dans un premier temps les antivirus seront obligés de le signaler. Dans ce cas, nous aurons des retours de nos clients et nous serons conduits à exclure ce logiciel d’“espionnage officiel” de nos bases virales », indique Boris Sharov, PDG de l’éditeur russe Doctor Web. Autre sujet d’interrogation : ce logiciel sera-t-il compatible avec les environnements Linux et MAC OS ?
Autant de questions sans réponse pour l’instant. Peut-être en saurons-nous davantage à l’automne prochain, période à laquelle le projet de loi devrait être discuté au Parlement. A moins que le tumulte législatif engendré par la loi Hadopi ne dissuade le gouvernement de poursuivre le vote de ce texte, lui aussi potentiellement sujet de belles polémiques…
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Cette loi à venir envisage l’exploitation d’un dispositif, matériel ou logiciel, permettant des « captations numériques ». Elle suscite bien des questions chez les professionnels du secteur des TIC.
A l’instar d’autres pays comme les Etats-Unis ou l’Australie, le gouvernement français prévoit de recourir à des systèmes de captation de données numériques. En clair, le projet de loi d’orientation pour la programmation et la performance de la sécurité intérieure (Loppsi) autoriserait l’exploitation de logiciels espions. Selon l’article 23 de ce projet de loi, cette procédure serait limitée aux crimes et délits les plus graves (art. 706-73 du Code de procédure pénale) et serait fortement encadrée.
La forme définitive de ces « mouchards », – ne serait-ce que le choix d’une solution matérielle ou logicielle – n’est pas encore connue. Dans tous les cas, ils pourraient largement compliquer la tâche des différents acteurs de la sécurité : des DSI aux RSSI, en passant par les éditeurs d’antivirus et de systèmes d’exploitation.
Car l’installation de ces dispositifs sur un réseau d’entreprise sera délicate. Ils devront en effet résoudre un dilemme : être à la fois discrets – pour ne pas être repérés par les logiciels de sécurité – et assez efficaces pour récupérer des données susceptibles de constituer des preuves dans le cadre d’une enquête judiciaire.
Une contrainte supplémentaire pour l’entreprise...
« Cette orientation devrait conduire les RSSI à une nécessaire restructuration de leur démarche et de leurs actions de prévention et de protection : l’appréciation des risques induits doit être différenciée selon que l’information réside au sein du système ou qu’elle transite sur la station de l’usager », précise Thierry Durand, PDG de Phorcys, une société de conseil en sécurité de l’information.
« Sur les actions à prendre, les DSI et RSSI doivent déjà gérer un certain nombre de contraintes réglementaires : Cnil, conservation des logs, réponses à des enquêtes, protection des données financières… Il faudra bientôt composer avec une de plus. A nous de voir comment utiliser les solutions techniques existantes et à venir et, surtout, comment gérer les hommes : information, sensibilisation, chartes, responsabilisation, formation, actions correctives… », constate Eric Wiatrowski, chief security officer d’Orange Business Services.
Nicolas Ruff, expert en sécurité au centre de recherche d’EADS, affirme pour sa aprt : « La partie “mouchard” de la Loppsi ne me semble pas impacter les DSI. Si le suspect se trouve dans une entreprise, il suffit de demander à l’administrateur de domaine pour savoir tout ce qu’il fait sur son poste, de manière légitime et indétectable par l’utilisateur. Ou de revenir la nuit accompagné du responsable de la sécurité. »
... et des incertitudes du côté des éditeurs
Autre question : comment ce dispositif va-t-il se comporter face aux antivirus et pare-feu ? Sera-t-il furtif et indétectable, comme un rootkit, ou bloquera-t-il certaines fonctions des logiciels de sécurité ? « S’il s’agit d’un logiciel installé à l’insu des utilisateurs,dans un premier temps les antivirus seront obligés de le signaler. Dans ce cas, nous aurons des retours de nos clients et nous serons conduits à exclure ce logiciel d’“espionnage officiel” de nos bases virales », indique Boris Sharov, PDG de l’éditeur russe Doctor Web. Autre sujet d’interrogation : ce logiciel sera-t-il compatible avec les environnements Linux et MAC OS ?
Autant de questions sans réponse pour l’instant. Peut-être en saurons-nous davantage à l’automne prochain, période à laquelle le projet de loi devrait être discuté au Parlement. A moins que le tumulte législatif engendré par la loi Hadopi ne dissuade le gouvernement de poursuivre le vote de ce texte, lui aussi potentiellement sujet de belles polémiques…
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Philippe Richard
vendredi 24 juillet 2009
Fidel Castro : « le médiateur Oscar Arias est un fidèle allié des États-Unis »
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La médiation du prix Nobel de la paix, Oscar Arias, entre le président constitutionnel hondurien Manuel Zelaya et les putschistes qui l’ont expulsé, s’avère n’être qu’une manœuvre dilatoire. Washington cherche à gagner du temps pour rendre le coup d’État irréversible. Le commandant Fidel Castro rappelle le parcours d’Arias et le passif des États-Unis en Amérique centrale.
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L’aventure criminelle, condamné à l’unanimité par l’opinion publique mondiale et par les organismes internationaux, ne pouvait durer.
L’écho des atrocités commises dans des décennies récentes par les tyrannies que les États-Unis avaient fomentées, instruites et armées sur notre continent était encore proche.
Sous l’administration Clinton et dans les années suivantes, l’Empire s’efforça d’imposer son Traité de libre-échange à tous les pays latino-américains à travers ce qu’on a appelé les Sommets des Amériques.
La tentative de compromettre le continent dans un accord de libre-échange fit fiasco. Les économies d’autres régions du monde enregistrèrent un bon rythme de croissance et le dollar perdait peu à peu son hégémonie exclusive comme devise privilégiée. La brutale crise financière mondiale compliqua la situation. C’est dans ces circonstances qu’eut lieu le putsch militaire au Honduras, l’un des pays les plus pauvres de notre continent.
Au bout de deux semaines de lutte populaire croissante, les États-Unis ont manœuvré pour gagner du temps. Le département d’État assignait alors à Oscar Arias, le président du Costa Rica, la tâche de prêter main forte aux putschistes, cernés par une pression populaire vigoureuse, mais pacifique. Jamais un fait similaire en Amérique latine n’avait reçu une pareille réponse.
Le fait qu’Oscar Arias était prix Nobel de la paix pesait dans les calculs de l’administration étasunienne.
Quand on retrace la carrière réelle d’Oscar Arias, on constate qu’il s’agit d’un politicien néolibéral, talentueux et à la parole facile, extrêmement calculateur et fidèle allié des États-Unis.
L’impérialisme utilisa ce pays centraméricain comme base de ses attaques pirates contre Cuba. Des milliers de techniciens et de diplômés universitaires cubains furent soustraits à notre peuple, déjà en butte au blocus cruel, pour prêter service au Costa Rica. Ce n’est que tout récemment que les relations entre les deux pays ont été rétablies ; et le Costa Rica a été l’un des deux derniers gouvernements du continent à le faire. Tout en m’en réjouissant, je ne peux manquer toutefois de dire ce que je pense à ce moment historique de Notre Amérique.
Quelques années avant la victoire de la Révolution cubaine, un mouvement armé de la bourgeoisie nationale, conduit par José Figueres Ferres, père du président Figueres Olsen, avait liquidé la petite armée pustchiste, et sa lutte fut accueillie avec sympathie par les Cubains.
Quand le Nicaragua était saigné à blanc par la sale guerre de Reagan, les peuples guatémaltèque et salvadorien avaient aussi payé très cher en vies la politique interventionniste des États-Unis qui fournissaient de l’argent et des armes aux troupes répressives, les formaient et les endoctrinaient dans leurs écoles. Daniel Ortega nous a raconté que les Yankees avaient finalement promu des formules visant à mettre fin à la résistance révolutionnaire au Guatemala et en El Salvador.
Il m’a commenté plus d’une fois avec amertume qu’Arias, suivant des instructions des États-Unis, avait exclu le Nicaragua des négociations de paix, se réunissant uniquement avec les gouvernements salvadorien, hondurien et guatémaltèque, afin de lui imposer des accords. Aussi avait-il une énorme gratitude envers Vinicio Cerezo. Il m’a aussi raconté que le premier accord fut signé dans un couvent d’Esquipulas (Guatemala), le 7 août 1987, au terme de deux jours de conversations intenses entre les cinq présidents centraméricains. C’est la première fois que j’en parle publiquement.
Mais cette fois-ci, pour le trentième anniversaire de la victoire sandiniste du 19 juillet 1979, Daniel a tout expliqué avec une clarté impressionnante, tout comme il l’a fait pour tous les autres points qu’il a abordés dans son discours écouté par des centaines de milliers de personnes et transmis par radio et télévision. Je le reprends textuellement :
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« Mais les autres présidents centraméricains ont été plus sensés et lui ont dit : Il ne peut pas y avoir de plan de paix si le Nicaragua n’est pas présent. Mais, au nom de la vérité historique, il faut dire que le président qui a eu le courage de briser l’isolement que les Yankees avaient imposé à l’Amérique centrale – où ils avaient interdit aux présidents de converser avec le Nicaragua et voulaient une solution militaire, où ils voulaient liquider par la guerre le Nicaragua et sa révolution, que le président qui a eu le courage de faire ce pas courageux, c’est le président guatémaltèque d’alors, Vinicio Cerezo. Voilà l’histoire vraie.
« Les Yankees ont couru maintenant chercher le président Oscar Arias, parce qu’ils le connaissent ! Et ils sont allés le chercher pour gagner du temps, afin que les putschistes commencent à poser des demandes inacceptables. Depuis quand un putschiste va-t-il négocier avec la personne à laquelle il a arraché ses droits constitutionnels ? Ces droits ne peuvent faire l’objet de négociations : il faut tout simplement restituer à son poste le président Manuel Zelaya, en conformité avec les décisions de l’ALBA, du Groupe de Rio, du SICA, de l’OEA et des Nations Unies.
La sale guerre ordonnée par Reagan et financée en partie m’a dit Daniel par de la drogue expédiée depuis les États-Unis aboutit au bilan suivant : plus de 60 000 personnes tuées, 5 800 invalides ; destruction et abandon de 300 écoles et de 25 centres de santé ; assassinat de 150 enseignants ; des pertes matérielles se montant à des dizaines de milliards de dollars. Or, le Nicaragua ne comptait que 3,5 millions d’habitants. L’URSS ayant cessé de lui livrer du pétrole, l’économie ne put se soutenir. Le Front sandiniste convoqua des élections et les avança même, et respecta le vote du peuple qui avait perdu tout espoir de préserver les conquêtes de la Révolution. Presque dix-sept ans après, les sandinistes occupaient de nouveau le gouvernement.
Ce dimanche-ci, en début d’après-midi, des dénonciations historiques de la politique étasunienne ont été présentées au cours du meeting sandiniste gigantesque tenu à Managua. C’étaient là des vérités qui ne pouvaient que transcender.
Le pire pour les Etats-Unis, c’est que les putschistes résistaient à leur manigance lénitive. Il faudrait préciser à quel moment le département d’Etat adresse un message fort à Micheletti et si les chefs militaires ont été mis au courant des positions de l’administration Obama.
Dimanche 19, quand Arias a demandé soixante-douze heures de plus pour expliquer sa position, Mme Clinton téléphonait à Micheletti avec qui elle avait, selon le porte-parole Philip Crowley, une « dure conversation ». On saura un jour ce qu’elle lui a dit, mais il suffisait de voir la tête de Micheletti quand il a pris la parole le lundi 20 à une réunion de son gouvernement putschiste : on aurait vraiment dit un gosse de la maternelle grondé par sa maîtresse. J’ai pu, grâce à TeleSur, suivre les discours de cette réunion, ainsi que les interventions des représentants des membres de l’OEA qui se sont engagés à attendre le dernier mot du prix Nobel de la paix.
Savaient-ils, oui ou non, ce que Mme Clinton avait dit à Micheletti ? Peut-être que oui, peut-être que non. Certains, peut-être, mais pas tous. Des hommes, des institutions et de concepts se sont convertis en instrument de la politique altière et arrogante de Washington. En tout cas, jamais un discours à l’OEA n’a brillé avec plus de dignité que les mots brefs, mais courageux et exacts, de Roy Chaderton, l’ambassadeur vénézuélien, à cette séance.
On verra apparaître de nouveau l’image de commandeur d’Oscar Arias expliquant qu’il a mis au point telle ou telle proposition de règlement pour éviter la violence. Je pense que même lui est tombé dans le grand traquenard tendu par le département d’Etat. On verra bien demain.
On ignore encore quelle sera l’attitude des militaires face aux ultimatums yankees et quels sont les messages qui parviennent aux officiers. Il n’existe qu’un seul point de référence patriotique et honorable : la loyauté au peuple, qui a supporté avec héroïsme les bombes lacrymogènes, les coups et les balles.
Quoique nul ne puisse assurer quel sera le dernier caprice de l’Empire, si, compte tenu des dernières décisions adoptées, Zelaya rentre, légalement ou illégalement, les Honduriens l’accueilleront sans aucun doute en grand, car ce sera une mesure de la victoire qu’ils ont d’ores et déjà remportée par leurs luttes.
La médiation du prix Nobel de la paix, Oscar Arias, entre le président constitutionnel hondurien Manuel Zelaya et les putschistes qui l’ont expulsé, s’avère n’être qu’une manœuvre dilatoire. Washington cherche à gagner du temps pour rendre le coup d’État irréversible. Le commandant Fidel Castro rappelle le parcours d’Arias et le passif des États-Unis en Amérique centrale.
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Le putsch du Honduras, fomenté par l’extrême droite états-unienne qui a maintenu en Amérique centrale la structure créée par Bush et appuyé par le département d’État, évoluait mal à cause de la résistance énergique du peuple.
L’aventure criminelle, condamné à l’unanimité par l’opinion publique mondiale et par les organismes internationaux, ne pouvait durer.
L’écho des atrocités commises dans des décennies récentes par les tyrannies que les États-Unis avaient fomentées, instruites et armées sur notre continent était encore proche.
Sous l’administration Clinton et dans les années suivantes, l’Empire s’efforça d’imposer son Traité de libre-échange à tous les pays latino-américains à travers ce qu’on a appelé les Sommets des Amériques.
La tentative de compromettre le continent dans un accord de libre-échange fit fiasco. Les économies d’autres régions du monde enregistrèrent un bon rythme de croissance et le dollar perdait peu à peu son hégémonie exclusive comme devise privilégiée. La brutale crise financière mondiale compliqua la situation. C’est dans ces circonstances qu’eut lieu le putsch militaire au Honduras, l’un des pays les plus pauvres de notre continent.
Au bout de deux semaines de lutte populaire croissante, les États-Unis ont manœuvré pour gagner du temps. Le département d’État assignait alors à Oscar Arias, le président du Costa Rica, la tâche de prêter main forte aux putschistes, cernés par une pression populaire vigoureuse, mais pacifique. Jamais un fait similaire en Amérique latine n’avait reçu une pareille réponse.
Le fait qu’Oscar Arias était prix Nobel de la paix pesait dans les calculs de l’administration étasunienne.
Quand on retrace la carrière réelle d’Oscar Arias, on constate qu’il s’agit d’un politicien néolibéral, talentueux et à la parole facile, extrêmement calculateur et fidèle allié des États-Unis.
En fait, dès les premières années de la Révolution cubaine, le gouvernement étasunien utilisa le Costa Rica et lui alloua des ressources pour en faire la vitrine de progrès sociaux qu’on peut obtenir sous le capitalisme.
L’impérialisme utilisa ce pays centraméricain comme base de ses attaques pirates contre Cuba. Des milliers de techniciens et de diplômés universitaires cubains furent soustraits à notre peuple, déjà en butte au blocus cruel, pour prêter service au Costa Rica. Ce n’est que tout récemment que les relations entre les deux pays ont été rétablies ; et le Costa Rica a été l’un des deux derniers gouvernements du continent à le faire. Tout en m’en réjouissant, je ne peux manquer toutefois de dire ce que je pense à ce moment historique de Notre Amérique.
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Arias, issu du secteur riche et dominant de la société costaricienne, a fait des études de droits et d’économie dans une université de son pays, puis a fait d’abord une maîtrise ensuite un doctorat de sciences politiques en Angleterre, à l’Université d’Essex. C’est ceint de ces lauriers académiques qu’il fut nommé conseiller par le président José Figueres Ferrer, du parti Libération nationale, en 1970 il avait alors trente ans puis, peu après, ministre de la Planification, poste où il fut ratifié par le président suivant, Daniel Oduber. En 1978, Arias fut élu député de ce parti, dont il devint secrétaire général en 1979 et président pour la première fois en 1986.
Quelques années avant la victoire de la Révolution cubaine, un mouvement armé de la bourgeoisie nationale, conduit par José Figueres Ferres, père du président Figueres Olsen, avait liquidé la petite armée pustchiste, et sa lutte fut accueillie avec sympathie par les Cubains.
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Quand nous nous battions dans la Sierra Maestra contre la tyrannie de Batista, nous reçûmes du Parti de la libération créé par Figueres Ferres quelques armes et munitions, mais, trop ami des Yankees, il rompit vite avec nous. Il ne faut pas oublier que c’est la réunion de l’OEA tenue à San José du Costa Rica qui entraîna la rédaction de la Première Déclaration de La Havane en 1960.
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Toute l’Amérique centrale souffrit pendant cent cinquante ans, depuis l’époque du flibustier William Walker, qui se nomma président du Nicaragua en 1856, de l’interventionnisme des États-Unis et elle continue d’en souffrir de nos jours, bien que le peuple nicaraguayen héroïque ait accédé à une indépendance qu’il est disposé à défendre jusqu’à son dernier souffle. On ne sache pas que le Costa Rica l’ait jamais soutenu depuis qu’il l’a atteinte, bien qu’un gouvernement ait eu le mérite, à la veille de la victoire de 1979, de se solidariser avec le Front sandiniste de libération nationale.
Toute l’Amérique centrale souffrit pendant cent cinquante ans, depuis l’époque du flibustier William Walker, qui se nomma président du Nicaragua en 1856, de l’interventionnisme des États-Unis et elle continue d’en souffrir de nos jours, bien que le peuple nicaraguayen héroïque ait accédé à une indépendance qu’il est disposé à défendre jusqu’à son dernier souffle. On ne sache pas que le Costa Rica l’ait jamais soutenu depuis qu’il l’a atteinte, bien qu’un gouvernement ait eu le mérite, à la veille de la victoire de 1979, de se solidariser avec le Front sandiniste de libération nationale.
Quand le Nicaragua était saigné à blanc par la sale guerre de Reagan, les peuples guatémaltèque et salvadorien avaient aussi payé très cher en vies la politique interventionniste des États-Unis qui fournissaient de l’argent et des armes aux troupes répressives, les formaient et les endoctrinaient dans leurs écoles. Daniel Ortega nous a raconté que les Yankees avaient finalement promu des formules visant à mettre fin à la résistance révolutionnaire au Guatemala et en El Salvador.
Il m’a commenté plus d’une fois avec amertume qu’Arias, suivant des instructions des États-Unis, avait exclu le Nicaragua des négociations de paix, se réunissant uniquement avec les gouvernements salvadorien, hondurien et guatémaltèque, afin de lui imposer des accords. Aussi avait-il une énorme gratitude envers Vinicio Cerezo. Il m’a aussi raconté que le premier accord fut signé dans un couvent d’Esquipulas (Guatemala), le 7 août 1987, au terme de deux jours de conversations intenses entre les cinq présidents centraméricains. C’est la première fois que j’en parle publiquement.
Mais cette fois-ci, pour le trentième anniversaire de la victoire sandiniste du 19 juillet 1979, Daniel a tout expliqué avec une clarté impressionnante, tout comme il l’a fait pour tous les autres points qu’il a abordés dans son discours écouté par des centaines de milliers de personnes et transmis par radio et télévision. Je le reprends textuellement :
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« Les Yankees l’avaient nommé médiateur. Nous avons une profonde sympathie pour le peuple costaricien, mais je ne saurais oublier que dans ces dures années, le président de ce pays avait convoqué les autres présidents centraméricains, mais pas nous…
« Mais les autres présidents centraméricains ont été plus sensés et lui ont dit : Il ne peut pas y avoir de plan de paix si le Nicaragua n’est pas présent. Mais, au nom de la vérité historique, il faut dire que le président qui a eu le courage de briser l’isolement que les Yankees avaient imposé à l’Amérique centrale – où ils avaient interdit aux présidents de converser avec le Nicaragua et voulaient une solution militaire, où ils voulaient liquider par la guerre le Nicaragua et sa révolution, que le président qui a eu le courage de faire ce pas courageux, c’est le président guatémaltèque d’alors, Vinicio Cerezo. Voilà l’histoire vraie.
« Les Yankees ont couru maintenant chercher le président Oscar Arias, parce qu’ils le connaissent ! Et ils sont allés le chercher pour gagner du temps, afin que les putschistes commencent à poser des demandes inacceptables. Depuis quand un putschiste va-t-il négocier avec la personne à laquelle il a arraché ses droits constitutionnels ? Ces droits ne peuvent faire l’objet de négociations : il faut tout simplement restituer à son poste le président Manuel Zelaya, en conformité avec les décisions de l’ALBA, du Groupe de Rio, du SICA, de l’OEA et des Nations Unies.
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« Dans nos pays, nous voulons des règlements pacifiques. La bataille que livre le peuple hondurien actuellement est une bataille pacifique, pour lui éviter plus de douleur qu’il n’en a déjà. »
La sale guerre ordonnée par Reagan et financée en partie m’a dit Daniel par de la drogue expédiée depuis les États-Unis aboutit au bilan suivant : plus de 60 000 personnes tuées, 5 800 invalides ; destruction et abandon de 300 écoles et de 25 centres de santé ; assassinat de 150 enseignants ; des pertes matérielles se montant à des dizaines de milliards de dollars. Or, le Nicaragua ne comptait que 3,5 millions d’habitants. L’URSS ayant cessé de lui livrer du pétrole, l’économie ne put se soutenir. Le Front sandiniste convoqua des élections et les avança même, et respecta le vote du peuple qui avait perdu tout espoir de préserver les conquêtes de la Révolution. Presque dix-sept ans après, les sandinistes occupaient de nouveau le gouvernement.
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Ils ont fêté voilà juste deux jours le trentième anniversaire de la première victoire.
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Le samedi 18 juillet dernier, le prix Nobel Arias a proposé sept points d’une initiative personnelle de paix qui ôtait toute autorité aux décisions de l’ONU et de l’OEA et imposait une sorte de reddition à Manuel Zelaya, ce qui devait forcément lui retirer la sympathie populaire et affaiblir le soutien dont il jouissait. Le président constitutionnel du Honduras a adressé ce qu’il a qualifié d’ultimatum aux putschistes, que ses représentants devaient leur présenter, et a annoncé en même temps son retour au Honduras pour le dimanche 19 juillet par n’importe quel département de son pays.
Le samedi 18 juillet dernier, le prix Nobel Arias a proposé sept points d’une initiative personnelle de paix qui ôtait toute autorité aux décisions de l’ONU et de l’OEA et imposait une sorte de reddition à Manuel Zelaya, ce qui devait forcément lui retirer la sympathie populaire et affaiblir le soutien dont il jouissait. Le président constitutionnel du Honduras a adressé ce qu’il a qualifié d’ultimatum aux putschistes, que ses représentants devaient leur présenter, et a annoncé en même temps son retour au Honduras pour le dimanche 19 juillet par n’importe quel département de son pays.
Ce dimanche-ci, en début d’après-midi, des dénonciations historiques de la politique étasunienne ont été présentées au cours du meeting sandiniste gigantesque tenu à Managua. C’étaient là des vérités qui ne pouvaient que transcender.
Le pire pour les Etats-Unis, c’est que les putschistes résistaient à leur manigance lénitive. Il faudrait préciser à quel moment le département d’Etat adresse un message fort à Micheletti et si les chefs militaires ont été mis au courant des positions de l’administration Obama.
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En tout cas, quiconque suivait de près les événements pouvait constater que Micheletti refusait la paix, lundi. Son représentant à San José, Carlos López Contreras, avait déclaré que la proposition d’Arias ne pouvait être discutée car son premier point, autrement dit le rétablissement de Zelaya, n’était pas négociable. Le gouvernement civil putschiste jouait son rôle au sérieux, sans même se rendre compte que Zelaya, privé de toute autorité, ne constituait aucun risque pour l’oligarchie et qu’il souffrirait un dur coup politique s’il acceptait la proposition du président costaricien.
Dimanche 19, quand Arias a demandé soixante-douze heures de plus pour expliquer sa position, Mme Clinton téléphonait à Micheletti avec qui elle avait, selon le porte-parole Philip Crowley, une « dure conversation ». On saura un jour ce qu’elle lui a dit, mais il suffisait de voir la tête de Micheletti quand il a pris la parole le lundi 20 à une réunion de son gouvernement putschiste : on aurait vraiment dit un gosse de la maternelle grondé par sa maîtresse. J’ai pu, grâce à TeleSur, suivre les discours de cette réunion, ainsi que les interventions des représentants des membres de l’OEA qui se sont engagés à attendre le dernier mot du prix Nobel de la paix.
Savaient-ils, oui ou non, ce que Mme Clinton avait dit à Micheletti ? Peut-être que oui, peut-être que non. Certains, peut-être, mais pas tous. Des hommes, des institutions et de concepts se sont convertis en instrument de la politique altière et arrogante de Washington. En tout cas, jamais un discours à l’OEA n’a brillé avec plus de dignité que les mots brefs, mais courageux et exacts, de Roy Chaderton, l’ambassadeur vénézuélien, à cette séance.
On verra apparaître de nouveau l’image de commandeur d’Oscar Arias expliquant qu’il a mis au point telle ou telle proposition de règlement pour éviter la violence. Je pense que même lui est tombé dans le grand traquenard tendu par le département d’Etat. On verra bien demain.
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Mais c’est le peuple hondurien qui aura le dernier mot. Les représentants des organisations sociales et des nouvelles forces ne sont des instruments de personne dans le pays et à l’étranger ; ils connaissent les besoins et les souffrances de leur peuple ; leur conscientisation et leur trempe se sont renforcées ; de nombreux citoyens, jusqu’ici indolents, les ont rejoints ; les membres honnêtes des partis traditionnels qui croient à la liberté, à la justice et à la dignité humaine jugeront leurs leaders en fonction de la position qu’ils adopteront à cette minute historique.
Mais c’est le peuple hondurien qui aura le dernier mot. Les représentants des organisations sociales et des nouvelles forces ne sont des instruments de personne dans le pays et à l’étranger ; ils connaissent les besoins et les souffrances de leur peuple ; leur conscientisation et leur trempe se sont renforcées ; de nombreux citoyens, jusqu’ici indolents, les ont rejoints ; les membres honnêtes des partis traditionnels qui croient à la liberté, à la justice et à la dignité humaine jugeront leurs leaders en fonction de la position qu’ils adopteront à cette minute historique.
On ignore encore quelle sera l’attitude des militaires face aux ultimatums yankees et quels sont les messages qui parviennent aux officiers. Il n’existe qu’un seul point de référence patriotique et honorable : la loyauté au peuple, qui a supporté avec héroïsme les bombes lacrymogènes, les coups et les balles.
Quoique nul ne puisse assurer quel sera le dernier caprice de l’Empire, si, compte tenu des dernières décisions adoptées, Zelaya rentre, légalement ou illégalement, les Honduriens l’accueilleront sans aucun doute en grand, car ce sera une mesure de la victoire qu’ils ont d’ores et déjà remportée par leurs luttes.
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Agence Cubaine de Nouvelles
est une division de l’Agence d’information nationale (AIN) de Cuba
est une division de l’Agence d’information nationale (AIN) de Cuba
fondée le 21 mai 1974
jeudi 23 juillet 2009
Le Fils d’Oussama Ben Laden tué par des missiles américains
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Sa’ad Ben Laden, le fils d’Oussama Ben Laden, a été tué, en début d’année, par un missile lancé par un avion américain. « On est presque sûr mais on n’est pas certain » a déclaré un officier. Il semblerait que le missile ait été tiré au Pakistan. Le fils d’Oussama a été décrit par l’armée américaine comme quelqu’un qui a « pris des décisions importantes pour Al Qaeda et qui fait partie du petit groupe chargé d’organiser le terrorisme depuis l’Iran. » Il a passé des années en résidence surveillée en Iran avant de venir, l’année dernière, au Pakistan, selon l’ancien Directeur du renseignement national des USA, Mike McConnell. « A partir de septembre 2008, il est possible que Sa’ad Ben Laden n’était plus en Iran. » Comme quoi la traque américaine autour de Ben Laden s’est intensifiée.
Mais des doutes subsistent car sans corps, il est difficile d’être formel sans analyse ADN. Mais les agences d’espionnages sont affirmatives « de 80 à 85 % » que Sa’ad Ben Laden est mort. Cependant le lieu et l’heure de la mort n’a pas été communiqué. Même si on sait que l’armée américaine s’était concentrée sur la région nord et sud du Waziristân au Pakistan. Sa’ad Ben Laden avait la vingtaine et est soupçonné d’être le chef de l’opération qui a couté la vie à 35 personnes à Riyad en Arabie Saoudite dans un quartier d’étranger.
Sa’ad Ben Laden, le fils d’Oussama Ben Laden, a été tué, en début d’année, par un missile lancé par un avion américain. « On est presque sûr mais on n’est pas certain » a déclaré un officier. Il semblerait que le missile ait été tiré au Pakistan. Le fils d’Oussama a été décrit par l’armée américaine comme quelqu’un qui a « pris des décisions importantes pour Al Qaeda et qui fait partie du petit groupe chargé d’organiser le terrorisme depuis l’Iran. » Il a passé des années en résidence surveillée en Iran avant de venir, l’année dernière, au Pakistan, selon l’ancien Directeur du renseignement national des USA, Mike McConnell. « A partir de septembre 2008, il est possible que Sa’ad Ben Laden n’était plus en Iran. » Comme quoi la traque américaine autour de Ben Laden s’est intensifiée.
Mais des doutes subsistent car sans corps, il est difficile d’être formel sans analyse ADN. Mais les agences d’espionnages sont affirmatives « de 80 à 85 % » que Sa’ad Ben Laden est mort. Cependant le lieu et l’heure de la mort n’a pas été communiqué. Même si on sait que l’armée américaine s’était concentrée sur la région nord et sud du Waziristân au Pakistan. Sa’ad Ben Laden avait la vingtaine et est soupçonné d’être le chef de l’opération qui a couté la vie à 35 personnes à Riyad en Arabie Saoudite dans un quartier d’étranger.
Egger Ph.
mercredi 22 juillet 2009
Nucléaire iranien : Washington évoque "un parapluie de défense" pour ses alliés
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Washington est prêt à renforcer la défense de ses partenaires menacés par le programme nucléaire iranien, a averti mercredi en Thaïlande la secrétaire d’Etat Hillary Clinton, inquiète aussi d’un "transfert de technologie nucléaire" entre la Corée du Nord et la Birmanie.
"Nous allons encore laisser la porte ouverte" à des discussions avec l’Iran, mais "l’horloge nucléaire tourne" et les voisins de l’Iran sont les plus préoccupés, a-t-elle déclaré à une télévision thaïlandaise.
Washington est prêt à "renforcer la défense de (ses) partenaires dans la région", a-t-elle ajouté.
"Si les Etats-Unis déploient un parapluie de défense sur la région, si nous faisons encore plus pour soutenir la capacité militaire de ceux du Golfe, il est peu probable que l’Iran soit plus fort ou plus en sécurité", a-t-elle poursuivi. "Ils ne seront pas plus en mesure d’intimider ou de dominer, contrairement à ce qu’ils ont l’air de croire, une fois qu’ils auront l’arme nucléaire."
Téhéran présente son programme nucléaire comme purement civil, mais une grande partie de la communauté internationale soupçonne l’Iran de viser la fabrication de la bombe atomique.
Mme Clinton s’exprimait depuis Bangkok avant de se rendre sur l’île de Phuket, dans le sud, où se tient jeudi le Forum régional de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (Asean) sur la sécurité (ARF).
L’ARF, où la Corée du Nord et la Birmanie promettent de dominer les débats, regroupe les dix de l’Asean (Thaïlande, Malaisie, Singapour, Indonésie, Philippines, Brunei, Vietnam, Laos, Birmanie, Cambodge) et 17 pays ou blocs parmi lesquels aussi l’Union européenne (UE), la Russie ou la Chine.
Depuis Bangkok, la secrétaire d’Etat américaine a relayé les craintes de Washington sur une coopération militaire entre le régime communiste de Pyongyang et la junte birmane. Une coopération qui, selon elle, déstabiliserait la région.
Les craintes de liens nucléaires entre ces deux Etats mis au ban d’une grande partie de communauté internationale ont été alimentées le mois dernier par des déclarations de responsables américains affirmant qu’un bateau nord-coréen suspecté de transporter des armes se dirigeait vers la Birmanie.
Le cargo était surveillé par la marine américaine dans le cadre d’une nouvelle résolution de l’ONU sanctionnant le nouvel essai nucléaire nord-coréen de mai.
Le mois dernier aussi, un groupe de Birmans en exil avait diffusé des images représentant, selon eux, un réseau de tunnels secrets construits par des experts nord-coréens sur le territoire birman. La Birmanie et la Corée du Nord ont, dans d’autres dossiers et chacune de leur côté, déclenché des tollés internationaux ces derniers mois.
La première pour avoir incarcéré l’opposante Aung San Suu Kyi pour violation présumée des règles de son assignation à résidence. En procès, la Prix Nobel de la Paix risque jusqu’à cinq ans de prison. L’UE n’a pas exclu de renforcer ses sanctions contre la junte birmane si elle ne la libérait pas.
La deuxième pour son deuxième essai nucléaire, suivi de plusieurs tirs de missiles le 25 mai.
L’un des objectifs de l’ARF devrait être de faire revenir Pyongyang à la table des négociations multilatérales sur sa dénucléarisation. La Corée du Nord avait claqué la porte des pourparlers en avril.
Mme Clinton devait rencontrer un à un ses homologues des pays impliqués, comme les Etats-Unis, dans les négociations — Chine, Japon, Russie, Corée du Sud. La Corée du Nord, qui craint selon un responsable thaïlandais d’être mise sous pression à Phuket, n’y a envoyé qu’une délégation de diplomates.
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Washington est prêt à renforcer la défense de ses partenaires menacés par le programme nucléaire iranien, a averti mercredi en Thaïlande la secrétaire d’Etat Hillary Clinton, inquiète aussi d’un "transfert de technologie nucléaire" entre la Corée du Nord et la Birmanie.
"Nous allons encore laisser la porte ouverte" à des discussions avec l’Iran, mais "l’horloge nucléaire tourne" et les voisins de l’Iran sont les plus préoccupés, a-t-elle déclaré à une télévision thaïlandaise.
Washington est prêt à "renforcer la défense de (ses) partenaires dans la région", a-t-elle ajouté.
"Si les Etats-Unis déploient un parapluie de défense sur la région, si nous faisons encore plus pour soutenir la capacité militaire de ceux du Golfe, il est peu probable que l’Iran soit plus fort ou plus en sécurité", a-t-elle poursuivi. "Ils ne seront pas plus en mesure d’intimider ou de dominer, contrairement à ce qu’ils ont l’air de croire, une fois qu’ils auront l’arme nucléaire."
Téhéran présente son programme nucléaire comme purement civil, mais une grande partie de la communauté internationale soupçonne l’Iran de viser la fabrication de la bombe atomique.
Mme Clinton s’exprimait depuis Bangkok avant de se rendre sur l’île de Phuket, dans le sud, où se tient jeudi le Forum régional de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (Asean) sur la sécurité (ARF).
L’ARF, où la Corée du Nord et la Birmanie promettent de dominer les débats, regroupe les dix de l’Asean (Thaïlande, Malaisie, Singapour, Indonésie, Philippines, Brunei, Vietnam, Laos, Birmanie, Cambodge) et 17 pays ou blocs parmi lesquels aussi l’Union européenne (UE), la Russie ou la Chine.
Depuis Bangkok, la secrétaire d’Etat américaine a relayé les craintes de Washington sur une coopération militaire entre le régime communiste de Pyongyang et la junte birmane. Une coopération qui, selon elle, déstabiliserait la région.
Les craintes de liens nucléaires entre ces deux Etats mis au ban d’une grande partie de communauté internationale ont été alimentées le mois dernier par des déclarations de responsables américains affirmant qu’un bateau nord-coréen suspecté de transporter des armes se dirigeait vers la Birmanie.
Le cargo était surveillé par la marine américaine dans le cadre d’une nouvelle résolution de l’ONU sanctionnant le nouvel essai nucléaire nord-coréen de mai.
Le mois dernier aussi, un groupe de Birmans en exil avait diffusé des images représentant, selon eux, un réseau de tunnels secrets construits par des experts nord-coréens sur le territoire birman. La Birmanie et la Corée du Nord ont, dans d’autres dossiers et chacune de leur côté, déclenché des tollés internationaux ces derniers mois.
La première pour avoir incarcéré l’opposante Aung San Suu Kyi pour violation présumée des règles de son assignation à résidence. En procès, la Prix Nobel de la Paix risque jusqu’à cinq ans de prison. L’UE n’a pas exclu de renforcer ses sanctions contre la junte birmane si elle ne la libérait pas.
La deuxième pour son deuxième essai nucléaire, suivi de plusieurs tirs de missiles le 25 mai.
L’un des objectifs de l’ARF devrait être de faire revenir Pyongyang à la table des négociations multilatérales sur sa dénucléarisation. La Corée du Nord avait claqué la porte des pourparlers en avril.
Mme Clinton devait rencontrer un à un ses homologues des pays impliqués, comme les Etats-Unis, dans les négociations — Chine, Japon, Russie, Corée du Sud. La Corée du Nord, qui craint selon un responsable thaïlandais d’être mise sous pression à Phuket, n’y a envoyé qu’une délégation de diplomates.
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AFP
Emirats arabes unis : un logiciel espion installé sur les téléphones BlackBerry
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Les utilisateurs de téléphones BlackBerry dans les centres d’affaires de Dubaï et d’Abou Dabi, aux Emirats arabes unis, croyant faire une mise à jour de leur appareil, ont en réalité téléchargé un logiciel espion permettant d’accéder à leurs données privées, a-t-on appris mercredi auprès du fabricant.
La société canadienne Research in Motion (RIM), qui fabrique ces téléphones, a expliqué dans un communiqué ne pas avoir autorisé l’installation du logiciel et n’être "pas impliquée, d’aucune manière, dans les essais, la promotion ou la distribution de cette application informatique".
"Des sources indépendantes ont conclu qu’il est possible que le logiciel installé puisse (...) permettre l’accès -interdit- aux informations privées ou confidentielles stockées sur le téléphone du consommateur", reconnaît la société.
L’opérateur de téléphonie Etilasat, basé à Abou Dabi et contrôlé par le gouvernement des Emirats arabes unis, avait auparavant envoyé un message à ses clients leur demandant d’effectuer une mise à jour.
Ceux qui l’ont fait ont expliqué que le nouveau logiciel a rapidement vidé les batteries de l’appareil, conduisant Etilasat à recevoir des centaines de plaintes. Dans un communiqué diffusé en fin de semaine dernière, l’opérateur décrivait le changement de logiciel comme une "mise à jour (...) nécessaire pour l’amélioration du service".
Le fabricant du BlackBerry a écarté cette explication, précisant qu’il "n’approuve pas cette application informatique". Etilasat n’a pas fait de commentaire sur le sujet mercredi.
Selon RIM, le logiciel espion est un programme de surveillance développé par une société privée, SS8 Networks, basée dans la Silicon Valley en Californie, qu’il n’a pas été possible de joindre.
On ne savait pas mercredi pourquoi Etilasat a encouragé le téléchargement de cette application, ni si des données privées ont été espionnées. L’opérateur affirme avoir plus de 145.000 clients utilisateurs de BlackBerry dans les Emirats arabes unis.
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Les utilisateurs de téléphones BlackBerry dans les centres d’affaires de Dubaï et d’Abou Dabi, aux Emirats arabes unis, croyant faire une mise à jour de leur appareil, ont en réalité téléchargé un logiciel espion permettant d’accéder à leurs données privées, a-t-on appris mercredi auprès du fabricant.
La société canadienne Research in Motion (RIM), qui fabrique ces téléphones, a expliqué dans un communiqué ne pas avoir autorisé l’installation du logiciel et n’être "pas impliquée, d’aucune manière, dans les essais, la promotion ou la distribution de cette application informatique".
"Des sources indépendantes ont conclu qu’il est possible que le logiciel installé puisse (...) permettre l’accès -interdit- aux informations privées ou confidentielles stockées sur le téléphone du consommateur", reconnaît la société.
L’opérateur de téléphonie Etilasat, basé à Abou Dabi et contrôlé par le gouvernement des Emirats arabes unis, avait auparavant envoyé un message à ses clients leur demandant d’effectuer une mise à jour.
Ceux qui l’ont fait ont expliqué que le nouveau logiciel a rapidement vidé les batteries de l’appareil, conduisant Etilasat à recevoir des centaines de plaintes. Dans un communiqué diffusé en fin de semaine dernière, l’opérateur décrivait le changement de logiciel comme une "mise à jour (...) nécessaire pour l’amélioration du service".
Le fabricant du BlackBerry a écarté cette explication, précisant qu’il "n’approuve pas cette application informatique". Etilasat n’a pas fait de commentaire sur le sujet mercredi.
Selon RIM, le logiciel espion est un programme de surveillance développé par une société privée, SS8 Networks, basée dans la Silicon Valley en Californie, qu’il n’a pas été possible de joindre.
On ne savait pas mercredi pourquoi Etilasat a encouragé le téléchargement de cette application, ni si des données privées ont été espionnées. L’opérateur affirme avoir plus de 145.000 clients utilisateurs de BlackBerry dans les Emirats arabes unis.
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AP
Les otages français risquent un procès
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La milice islamiste somalienne d’Al Chabaab n’exclut pas d’organiser un procès pour juger les deux otages français
Les deux Français, en mission d’assistance en matière de sécurité, ont été capturés mardi dernier à l’hôtel Sahafi de Mogadiscio.
A Varsovie, Bernard Kouchner, a assuré que des contacts "multiples" avaient été noués pour obtenir leur libération. Mogadiscio a pourtant annoncé dimanche que les contacts avec les ravisseurs des Français étaient rompus.
Dimanche, sur Europe 1, le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, a assuré que "des messages" passaient entre la France et le groupe qui détient les deux Français, mais que des négociations n’étaient "pas engagées à proprement parler". M. Guéant a ajouté qu’il avait eu "des nouvelles rassurantes", et que les deux otages étaient "bien traités".
Du côté de Mogadiscio, le pessimisme était de mise : "Il semble que les espoirs de négociations pour libérer les otages français diminuent (...) car tous les contacts avec les ravisseurs sont rompus jusque présent et le gouvernement ne sait pas où se trouvent les deux" hommes, a expliqué un haut responsable des services de sécurité somaliens sous couvert de l’anonymat.
Un responsable de la police de Mogadiscio, Mohamed Adan, a indiqué n’avoir "pas plus d’information sur les otages" et croire "qu’ils ne sont plus à Mogadiscio ; tous les efforts pour joindre les ravisseurs arrivent à leurs fins en raison de la décision des ravisseurs d’amener les otages devant un tribunal islamique."
Les otages sous le coup de la charia
Les deux agents français enlevés mardi 14 juillet à Mogadiscio vont être "jugés et punis bientôt selon la loi coranique" (charia), avait affirmé samedi un haut responsable des extrémistes islamistes somaliens des shebab. "Les hommes que nous avons pris aidaient le gouvernement apostat (somalien) et leurs espions. Ils feront face au tribunal pour espionnage et être entrés en Somalie pour aider les ennemis d’Allah", a assuré ce dirigeant des insurgés islamistes.
"La décision sur leur sort dépendra (...) du tribunal islamique qui entendra les charges pesant contre eux", a-t-il ajouté. Les deux agents français, enlevés mardi dans leur hôtel à Mogadiscio, sont aux mains des insurgés islamistes qui mènent une offensive sans précédent pour renverser le fragile gouvernement somalien de transition soutenu par la communauté internationale.
Sur la tenue éventuelle d’un tel procès, Claude Guéant a considéré dimanche que "rien ne nous permet de le penser".
Le ministre somalien des Affaires sociales Mohammed Ali Ibrahim a quant à lui déclaré samedi sur France 24 que les otages français avaient été "éloignés" de la capitale Mogadiscio. "Ils ont été transportés hors de Mogadiscio dans une ville proche d’ici (la capitale) à Marka ou peut-être plus loin", a dit en arabe le ministre, selon une traduction en français de la chaîne. "Tant qu’ils étaient ici (à Mogadiscio, ndlr), il y avait des contacts. Des intermédiaires étaient en contact avec des shebab et nous savions qu’ils étaient en bonne santé. Mais depuis ce matin, ils ont été éloignés. il faut s’en préoccuper et prendre des initiatives fortes."
Vendredi, le même ministre somalien avait assuré que les deux otages étaient aux mains des shebab. Ce groupe, considéré comme un allié d’al-Qaida, avait exigé que les deux hommes, capturés initialement par une autre milice, lui furent remis.
Par le passé, la plupart des enlèvements de ressortissants étrangers se sont conclus par un versement d’argent en échange de la libération des otages.
Qui sont les deux Français ?
Selon le quai d’Orsay, les deux otages sont des "conseillers en mission d’assistance auprès du gouvernement somalien" qui "apportaient une aide en matière de sécurité au gouvernement fédéral de transition" du président somalien Cheikh Charif. "Dès que cette information a été connue, tous les services de l’Etat concernés se sont mobilisés", a précisé le Quai d’Orsay. Celui-ci ne donne aucune autre précision sur l’identité de ces deux hommes, le fait de savoir s’il s’agit de militaires ou de civils, leur corps d’origine, comme la durée de leur présence en Somalie.
Guerre civile
La Somalie subit une guerre civile depuis 1991. Les combats ont fait au mois 18.000 morts et des centaines de milliers de déplacés depuis l’intervention, en 2006, des forces éthiopiennes pour chasser de Mogadiscio le régime des Tribunaux islamiques. La rébellion islamiste n’a toutefois pas rendu les armes et contrôle toujours le sud du pays, plusieurs secteurs de l’Ouest et une partie de la capitale.
De nombreux enlèvements
Par ailleurs, trois employés étrangers d’une organisation humanitaire ont été enlevés dans la nuit de vendredi à samedi au Kenya, à la frontière somalienne, par des hommes armés qui les ont emmenés en Somalie, où les rapts d’étrangers se multiplient.
Des étrangers sont régulièrement enlevés en Somalie où le gouvernement fait face depuis début mai à une offensive sans précédent d’islamistes radicaux des shebab et de la milice Hezb al-Islamiya. Ils sont en général libérés sains et saufs contre rançon, au terme d’une période qui peut aller de quelques jours à quelques mois. Journalistes et humanitaires sont particulièrement visés.
La journaliste canadienne Amanda Lindhout et le photographe australien Nigel Geoffrey Brennan, enlevés le 23 août 2008, sont toujours détenus par leurs ravisseurs. De même, quatre employés européens de l’ONG française Action contre la faim et leurs deux pilotes kényans, enlevés début novembre, sont toujours séquestrés.
Les relations entre la France et la Somalie
La France a repris il y a moins de cinq mois, à la faveur de la lutte contre la piraterie maritime, de timides relations avec la Somalie. Un pays "dont le gouvernement est certes reconnu par la communauté internationale" mais qui reste à la tête "d’un non-Etat", a résumé un responsable français sous couvert d’anonymat.
Depuis le printemps, la France travaille à la mise sur pied d’une formation à Djibouti d’un bataillon somalien de 500 hommes. Les deux otages pourraient ainsi être un élément précurseur chargé par exemple de participer à la sélection des hommes qui doivent être formés à partir d’août à Djibouti. 2900 militaires français, ainsi que des avions de surveillance et de combat, stationnent à Djibouti.
Pour Paris, la lutte contre la piraterie maritime, qui s’est considérablement développée ces dernières années au large de la Somalie, passe notamment par une aide à sa reconstruction institutionnelle et économique.
Le dernier engagement important de la France en Somalie remonte à 1993 et à l’opération de paix Onusom II de l’ONU, forte de 28.000 Casques bleus. Déployés à Baïdoa et sa région, dans l’arrière-pays, 1100 militaires français avaient contribué à la sécurité de l’acheminement de l’aide humanitaire, au contrôle de la cessation des hostilités, à la saisie d’armes et au déminage.
Inquiétude des journalistes
Selon un policier somalien et la direction de l’hôtel, les deux otages s’étaient apparemment enregistrés à l’hôtel comme journalistes. Mais le ministère français des Affaires étrangères dément. "Etant en mission officielle, leur statut était également officiel et n’était pas celui de journalistes (...) nous n’avons aucun élément authentifiant l’indication initiale faite localement selon laquelle ils se seraient prévalus d’un autre statut que le leur", affirme un porte-parole du Quai d’Orsay, Frédéric Desagneaux.
Reporters sans frontières (RSF), la commission de la carte d’identité des journalistes professionnels (CCIJP) ainsi que la Fédération internationale des journalistes déplorent ces informations. "Ce subterfuge est de nature à compliquer l’accès à une information libre et indépendante et vient rendre encore plus aléatoire, voire dangereux, l’exercice de la profession dans ces pays", dénonce la CCIJP. "Être journaliste n’est pas une couverture. C’est un métier.
Ces deux conseillers, dont nous souhaitons bien sûr la libération rapide, étaient en mission officielle et n’avaient pas à recourir à ce procédé pour se couvrir. Leur attitude met les journalistes en danger dans une région où ils le sont déjà", a déploré pour sa part l’organisation Reporters sans frontières (RSF).
La Fédération internationale des journalistes a réagi dans le même sens : "La Somalie est déjà un pays dangereux pour les journalistes de profession, c’est malheureux que des gens se fassent passer pour des journalistes."
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La milice islamiste somalienne d’Al Chabaab n’exclut pas d’organiser un procès pour juger les deux otages français
Les deux Français, en mission d’assistance en matière de sécurité, ont été capturés mardi dernier à l’hôtel Sahafi de Mogadiscio.
A Varsovie, Bernard Kouchner, a assuré que des contacts "multiples" avaient été noués pour obtenir leur libération. Mogadiscio a pourtant annoncé dimanche que les contacts avec les ravisseurs des Français étaient rompus.
Dimanche, sur Europe 1, le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, a assuré que "des messages" passaient entre la France et le groupe qui détient les deux Français, mais que des négociations n’étaient "pas engagées à proprement parler". M. Guéant a ajouté qu’il avait eu "des nouvelles rassurantes", et que les deux otages étaient "bien traités".
Du côté de Mogadiscio, le pessimisme était de mise : "Il semble que les espoirs de négociations pour libérer les otages français diminuent (...) car tous les contacts avec les ravisseurs sont rompus jusque présent et le gouvernement ne sait pas où se trouvent les deux" hommes, a expliqué un haut responsable des services de sécurité somaliens sous couvert de l’anonymat.
Un responsable de la police de Mogadiscio, Mohamed Adan, a indiqué n’avoir "pas plus d’information sur les otages" et croire "qu’ils ne sont plus à Mogadiscio ; tous les efforts pour joindre les ravisseurs arrivent à leurs fins en raison de la décision des ravisseurs d’amener les otages devant un tribunal islamique."
Les otages sous le coup de la charia
Les deux agents français enlevés mardi 14 juillet à Mogadiscio vont être "jugés et punis bientôt selon la loi coranique" (charia), avait affirmé samedi un haut responsable des extrémistes islamistes somaliens des shebab. "Les hommes que nous avons pris aidaient le gouvernement apostat (somalien) et leurs espions. Ils feront face au tribunal pour espionnage et être entrés en Somalie pour aider les ennemis d’Allah", a assuré ce dirigeant des insurgés islamistes.
"La décision sur leur sort dépendra (...) du tribunal islamique qui entendra les charges pesant contre eux", a-t-il ajouté. Les deux agents français, enlevés mardi dans leur hôtel à Mogadiscio, sont aux mains des insurgés islamistes qui mènent une offensive sans précédent pour renverser le fragile gouvernement somalien de transition soutenu par la communauté internationale.
Sur la tenue éventuelle d’un tel procès, Claude Guéant a considéré dimanche que "rien ne nous permet de le penser".
Le ministre somalien des Affaires sociales Mohammed Ali Ibrahim a quant à lui déclaré samedi sur France 24 que les otages français avaient été "éloignés" de la capitale Mogadiscio. "Ils ont été transportés hors de Mogadiscio dans une ville proche d’ici (la capitale) à Marka ou peut-être plus loin", a dit en arabe le ministre, selon une traduction en français de la chaîne. "Tant qu’ils étaient ici (à Mogadiscio, ndlr), il y avait des contacts. Des intermédiaires étaient en contact avec des shebab et nous savions qu’ils étaient en bonne santé. Mais depuis ce matin, ils ont été éloignés. il faut s’en préoccuper et prendre des initiatives fortes."
Vendredi, le même ministre somalien avait assuré que les deux otages étaient aux mains des shebab. Ce groupe, considéré comme un allié d’al-Qaida, avait exigé que les deux hommes, capturés initialement par une autre milice, lui furent remis.
Par le passé, la plupart des enlèvements de ressortissants étrangers se sont conclus par un versement d’argent en échange de la libération des otages.
Qui sont les deux Français ?
Selon le quai d’Orsay, les deux otages sont des "conseillers en mission d’assistance auprès du gouvernement somalien" qui "apportaient une aide en matière de sécurité au gouvernement fédéral de transition" du président somalien Cheikh Charif. "Dès que cette information a été connue, tous les services de l’Etat concernés se sont mobilisés", a précisé le Quai d’Orsay. Celui-ci ne donne aucune autre précision sur l’identité de ces deux hommes, le fait de savoir s’il s’agit de militaires ou de civils, leur corps d’origine, comme la durée de leur présence en Somalie.
Guerre civile
La Somalie subit une guerre civile depuis 1991. Les combats ont fait au mois 18.000 morts et des centaines de milliers de déplacés depuis l’intervention, en 2006, des forces éthiopiennes pour chasser de Mogadiscio le régime des Tribunaux islamiques. La rébellion islamiste n’a toutefois pas rendu les armes et contrôle toujours le sud du pays, plusieurs secteurs de l’Ouest et une partie de la capitale.
De nombreux enlèvements
Par ailleurs, trois employés étrangers d’une organisation humanitaire ont été enlevés dans la nuit de vendredi à samedi au Kenya, à la frontière somalienne, par des hommes armés qui les ont emmenés en Somalie, où les rapts d’étrangers se multiplient.
Des étrangers sont régulièrement enlevés en Somalie où le gouvernement fait face depuis début mai à une offensive sans précédent d’islamistes radicaux des shebab et de la milice Hezb al-Islamiya. Ils sont en général libérés sains et saufs contre rançon, au terme d’une période qui peut aller de quelques jours à quelques mois. Journalistes et humanitaires sont particulièrement visés.
La journaliste canadienne Amanda Lindhout et le photographe australien Nigel Geoffrey Brennan, enlevés le 23 août 2008, sont toujours détenus par leurs ravisseurs. De même, quatre employés européens de l’ONG française Action contre la faim et leurs deux pilotes kényans, enlevés début novembre, sont toujours séquestrés.
Les relations entre la France et la Somalie
La France a repris il y a moins de cinq mois, à la faveur de la lutte contre la piraterie maritime, de timides relations avec la Somalie. Un pays "dont le gouvernement est certes reconnu par la communauté internationale" mais qui reste à la tête "d’un non-Etat", a résumé un responsable français sous couvert d’anonymat.
Depuis le printemps, la France travaille à la mise sur pied d’une formation à Djibouti d’un bataillon somalien de 500 hommes. Les deux otages pourraient ainsi être un élément précurseur chargé par exemple de participer à la sélection des hommes qui doivent être formés à partir d’août à Djibouti. 2900 militaires français, ainsi que des avions de surveillance et de combat, stationnent à Djibouti.
Pour Paris, la lutte contre la piraterie maritime, qui s’est considérablement développée ces dernières années au large de la Somalie, passe notamment par une aide à sa reconstruction institutionnelle et économique.
Le dernier engagement important de la France en Somalie remonte à 1993 et à l’opération de paix Onusom II de l’ONU, forte de 28.000 Casques bleus. Déployés à Baïdoa et sa région, dans l’arrière-pays, 1100 militaires français avaient contribué à la sécurité de l’acheminement de l’aide humanitaire, au contrôle de la cessation des hostilités, à la saisie d’armes et au déminage.
Inquiétude des journalistes
Selon un policier somalien et la direction de l’hôtel, les deux otages s’étaient apparemment enregistrés à l’hôtel comme journalistes. Mais le ministère français des Affaires étrangères dément. "Etant en mission officielle, leur statut était également officiel et n’était pas celui de journalistes (...) nous n’avons aucun élément authentifiant l’indication initiale faite localement selon laquelle ils se seraient prévalus d’un autre statut que le leur", affirme un porte-parole du Quai d’Orsay, Frédéric Desagneaux.
Reporters sans frontières (RSF), la commission de la carte d’identité des journalistes professionnels (CCIJP) ainsi que la Fédération internationale des journalistes déplorent ces informations. "Ce subterfuge est de nature à compliquer l’accès à une information libre et indépendante et vient rendre encore plus aléatoire, voire dangereux, l’exercice de la profession dans ces pays", dénonce la CCIJP. "Être journaliste n’est pas une couverture. C’est un métier.
Ces deux conseillers, dont nous souhaitons bien sûr la libération rapide, étaient en mission officielle et n’avaient pas à recourir à ce procédé pour se couvrir. Leur attitude met les journalistes en danger dans une région où ils le sont déjà", a déploré pour sa part l’organisation Reporters sans frontières (RSF).
La Fédération internationale des journalistes a réagi dans le même sens : "La Somalie est déjà un pays dangereux pour les journalistes de profession, c’est malheureux que des gens se fassent passer pour des journalistes."
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France2.fr
mardi 21 juillet 2009
Le Pakistan et le mythe de la « bombe islamique »
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Le risque de voir la bombe atomique pakistanaise tomber dans les mains de « terroristes islamistes » ou autres « talibans » est évoqué par Washington pour justifier son engagement militaire en Afghanistan/Pakistan. Or, selon l’étude de Nicolas Ténèze que nous publions, cette menace est imaginaire : la bombe pakistanaise a été développée avec l’aide technique de la Chine et des États-Unis. Au-delà des péripéties politiques, Washington en conserverait aujourd’hui encore le contrôle.
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La Coalition, engagée depuis novembre 2001 dans « le cimetières des empires », l’Afghanistan, doit faire face à une aggravation de sa situation depuis 2005, avec des pertes civiles et militaires en constante augmentation, une islamisation rampante, et des violences qui sont le fait d’insurgés en tous genres, de Taliban, de seigneurs de la guerre récalcitrants, de trafiquants, de séparatistes ethniques ou encore de simples bandits. La guerre s’est précocement propagée vers le Pakistan (on parle de la guerre AfgPak), d’où elle était en fait partie. Ce pays oscille entre une collaboration mesurée et parfois contrainte avec la Coalition, et une volonté de ménager les Taliban, pour préserver un équilibre politique intérieur fragile. Ces derniers mois, la progression des « étudiants » les approche de la capitale, Islamabad.
Le Pakistan, État artificiel à majorité musulmane sunnite, fondé le 14 août 1947, sur la base d’une fédération de régions autonomes, possède théoriquement la bombe atomique depuis 1987 environ, mais ne l’a testée semble t-il pour la première fois qu’à l’été 1998 ; cette date étant considérée aujourd’hui comme celle du statut nucléaire du pays. Il détiendrait actuellement entre 20 et 100 têtes nucléaires, les études étant divergentes. Le pays n’a pas signé le Traité de non-prolifération (TNP,) le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), ni le Code de conduite de la Haye sur la prolifération balistique. En outre, plusieurs rapports concordants en 1996 évoquent l’existence d’un programme biologique, axé sur l’anthrax, bien que la Convention sur les armes chimiques (CAC) et celle sur les armes bactériologiques (CAB) aient été signées et ratifiées. Sa présence fut une conséquence de leur emploi par les Soviétiques en Afghanistan.
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Le programme nucléaire débute dans les années 1970, officiellement en réaction à la guerre contre l’Inde de 1971 et à son test atomique de 1974. À cette époque, l’Inde est un « pays ami » de l’Union soviétique alors que le Pakistan, bien que non-aligné, « choisit »par réaction le camp états-unien. Aussi, Islamabad se lance dans un programme atomique concurrent de celui de son voisin avec la bienveillance des États-Unis. Sa bombe est appelée à jouer un rôle dans le containement de l’influence soviétique qui, après l’invasion de l’Afghanistan en 1979, menacerait le Pakistan. Washington et Pékin co-organisent cette prolifération (notamment après la visite de Nixon en Chine, en février 1972). Pékin, bien que réticent à livrer son savoir-faire, aide le « Pays des purs » en lui fournissant de la technologie et des missiles rudimentaires via la China National Nuclear Corporation. Depuis les années 60 en effet, la République populaire de Chine se dissocie du Grand frère soviétique, sous couvert de divergences idéologiques, pour se doter de sa propre politique étrangère. Si bien que sur beaucoup de points, Chinois et Occidentaux s’accordent. Dans cette perspective, Pékin et Islamabad s’allient sur la question du Cachemire, que les deux pays revendiquent en partie contre l’Inde.. Les bombes indiennes, chinoises et pakistanaises, devaient permettre donc un équilibre dans la région.
Le Pakistan acquiert ensuite la capacité d’enrichir l’uranium par ultracentrifugation à Dera Ghaza Khan. L’Arabie Saoudite et la Libye participent au financement de cette étape : Tripoli pour son propre programme (sans l’aval des USA semble-t-il), et Ryad par ordre des USA. Pour la Chine et la France en revanche, les deux principaux fournisseurs, ce sont des devises supplémentaires. Washington fait pression sur Paris, en 1976, contre la vente d’une installation de retraitement, soumise au contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
Le risque de voir la bombe atomique pakistanaise tomber dans les mains de « terroristes islamistes » ou autres « talibans » est évoqué par Washington pour justifier son engagement militaire en Afghanistan/Pakistan. Or, selon l’étude de Nicolas Ténèze que nous publions, cette menace est imaginaire : la bombe pakistanaise a été développée avec l’aide technique de la Chine et des États-Unis. Au-delà des péripéties politiques, Washington en conserverait aujourd’hui encore le contrôle.
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La Coalition, engagée depuis novembre 2001 dans « le cimetières des empires », l’Afghanistan, doit faire face à une aggravation de sa situation depuis 2005, avec des pertes civiles et militaires en constante augmentation, une islamisation rampante, et des violences qui sont le fait d’insurgés en tous genres, de Taliban, de seigneurs de la guerre récalcitrants, de trafiquants, de séparatistes ethniques ou encore de simples bandits. La guerre s’est précocement propagée vers le Pakistan (on parle de la guerre AfgPak), d’où elle était en fait partie. Ce pays oscille entre une collaboration mesurée et parfois contrainte avec la Coalition, et une volonté de ménager les Taliban, pour préserver un équilibre politique intérieur fragile. Ces derniers mois, la progression des « étudiants » les approche de la capitale, Islamabad.
Le Pakistan, État artificiel à majorité musulmane sunnite, fondé le 14 août 1947, sur la base d’une fédération de régions autonomes, possède théoriquement la bombe atomique depuis 1987 environ, mais ne l’a testée semble t-il pour la première fois qu’à l’été 1998 ; cette date étant considérée aujourd’hui comme celle du statut nucléaire du pays. Il détiendrait actuellement entre 20 et 100 têtes nucléaires, les études étant divergentes. Le pays n’a pas signé le Traité de non-prolifération (TNP,) le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), ni le Code de conduite de la Haye sur la prolifération balistique. En outre, plusieurs rapports concordants en 1996 évoquent l’existence d’un programme biologique, axé sur l’anthrax, bien que la Convention sur les armes chimiques (CAC) et celle sur les armes bactériologiques (CAB) aient été signées et ratifiées. Sa présence fut une conséquence de leur emploi par les Soviétiques en Afghanistan.
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Aujourd’hui les médias entretiennent la peur que cet arsenal tombe entre les mains de « terroristes », qui pourraient ainsi l’employer ou menacer de le faire contre « l’Occident », Israël, leurs alliés, ou contre l’ennemi indien. Or, beaucoup de questions se posent à propos de ce mystérieux réseau Khan, accusé d’être à l’origine de tous les maux de la prolifération et de cette « bombe islamique », selon l’expression du Président Zulfikar Ali Bhutto (1972-1977). On peut douter que le Pakistan ait réellement poursuivi ses recherches à l’insu des grandes puissances et que son arsenal échappe effectivement à leur contrôle. Pour savoir ce qu’il en est, un retour historique sur le programme nucléaire pakistanais est nécessaire.
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Un programme pas si « clandestin »
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Une initiative sino-occidentale
Le programme nucléaire débute dans les années 1970, officiellement en réaction à la guerre contre l’Inde de 1971 et à son test atomique de 1974. À cette époque, l’Inde est un « pays ami » de l’Union soviétique alors que le Pakistan, bien que non-aligné, « choisit »par réaction le camp états-unien. Aussi, Islamabad se lance dans un programme atomique concurrent de celui de son voisin avec la bienveillance des États-Unis. Sa bombe est appelée à jouer un rôle dans le containement de l’influence soviétique qui, après l’invasion de l’Afghanistan en 1979, menacerait le Pakistan. Washington et Pékin co-organisent cette prolifération (notamment après la visite de Nixon en Chine, en février 1972). Pékin, bien que réticent à livrer son savoir-faire, aide le « Pays des purs » en lui fournissant de la technologie et des missiles rudimentaires via la China National Nuclear Corporation. Depuis les années 60 en effet, la République populaire de Chine se dissocie du Grand frère soviétique, sous couvert de divergences idéologiques, pour se doter de sa propre politique étrangère. Si bien que sur beaucoup de points, Chinois et Occidentaux s’accordent. Dans cette perspective, Pékin et Islamabad s’allient sur la question du Cachemire, que les deux pays revendiquent en partie contre l’Inde.. Les bombes indiennes, chinoises et pakistanaises, devaient permettre donc un équilibre dans la région.
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Time qualifie le docteur Khan
comme de « marchant de menace »
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Le père de la bombe est le docteur Abdul Qadeer Khan. Celui qui est présenté aujourd’hui par les médias occidentaux comme un dangereux savant fou, est un ingénieur, formé en 1976 à Almelo (groupe Urenco), dans les laboratoires de dynamique physique FDO, aux Pays-Bas, en Belgique et en Allemagne. Le réacteur de Kahuta, premier noyau du programme, est construit en 1979 avec la Chine et la France, et mis en service en 1984. Des médias véhiculent l’idée selon laquelle les plans d’Almelo (qui servirent à ériger Kahuta) furent volés par Khan, alors qu’en réalité Urenco les a livré secrètement avec l’approbation des États-Unis. À partir de l’arrivée des Soviétiques à Kaboul, les États-Unis délèguent à la Chine le transfert des plans d’armes nucléaires au Pakistan pour protéger le pays. Mais en 1983, la tractation est dénoncée par le Washington Post et en 1985, par le sénateur Alan Cranston. Ainsi donc, il est probable que le Pakistan possède à cette date la bombe nucléaire, mais pas sa propre bombe.
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Israël, pour légitimer ses « projets » nucléaires, dénonce le danger pakistanais, en alternance avec ceux de l’Irak et de la Libye, alors que très vite, les deux pays tisseront par alliés interposés (USA et Arabie Saoudite) des rapports secrets d’intérêts. La notion de « bombe islamique » est alors instrumentée ; ce qui agace le Pakistan pour qui cette expression mêle deux concepts, l’un religieux, l’autre politico-stratégique, avec une connotation péjorative : le Pakistan ne serait pas un État de droit, mais un nid de terroristes. C’est à ce moment qu’apparaît l’idée que des activistes pourraient voler ou simplement employer ces bombes. Abdul Sattar, ministre des Affaires étrangères du Pakistan, rappelle que dans les années 1970, Zulfikar Ali Bhutto soulignait que les bombes atomiques occidentales n’étaient pas des « bombes chrétiennes », ni les israéliennes des « bombes juives ».
Le Pakistan acquiert ensuite la capacité d’enrichir l’uranium par ultracentrifugation à Dera Ghaza Khan. L’Arabie Saoudite et la Libye participent au financement de cette étape : Tripoli pour son propre programme (sans l’aval des USA semble-t-il), et Ryad par ordre des USA. Pour la Chine et la France en revanche, les deux principaux fournisseurs, ce sont des devises supplémentaires. Washington fait pression sur Paris, en 1976, contre la vente d’une installation de retraitement, soumise au contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
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En fait, la France aurait fournit la technologie atomique sur ordre des USA, mais aurait pris certaines initiatives. Quoi qu’il en soit, la France suspend son contrat mais fournit une usine d’extraction de plutonium. Après le coup d’État contre le président Bhutto en 1977, le général Zia ul Haq (1977-1988) reçoit une aide de Washington plus conséquente. Elle, passe de 5 millions à 10, puis à 35 millions, puis à 1 milliard de dollars, pour cette most favored nation, un de ses « meilleurs alliés hors OTAN ». En 1986, le pays commence à produire de l’UHE. On prétend souvent que la livraison de missiles st
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