Exclusif - Accord franco-haïtien pour évacuer les enfants en cours d'adoption
Exclusif - Accord franco-haïtien pour évacuer les enfants en cours d'adoption
Frédéric Helbert 14/12/10 à 11h07
Info France-Soir - La France et Haïti ont signé un accord d'Etat à Etat pour permettre l'évacuation en urgence de près de 300 enfants en cours d'adoption encore bloqués à Port-au-Prince.
Rose, 2 ans, fait partie des 300 enfants adoptés en attente de rapatriement vers la France © Frédéric Helbert Cet accord prévoit que soit autorisé le départ de tous les enfants, quelque soit le degré de la procédure d'adoption les concernant.
Dès sa prise de fonctions, le ministre des Affaires Etrangères, Michelle Alliot-Marie, avait fait de ce dossier, une priorité. Un échange de lettres officielles, paraphées dimanche dernier par l'ambassadeur de France, Didier le Bret, et le premier ministre haïtien, Jean-Max Bellerive, officialise l'accord dont France-Soir a pu prendre connaissance. Cet accord prévoit que «les enfants pourront quitter Port-au-Prince, sans que les parents adoptants n'aient l'obligation de venir les chercher. Les enfants seront munis d'un laissez-passer consulaire délivré par l'ambassade de France». Autrement dit l'obligation d'avoir un passeport et un visa en bonne et due formes, est levée.
Selon les termes des courriers diplomatiques, le Premier ministre haïtien a également confirmé que des instructions avaient été données à l'ensemble des différents services investis dans ce dossier, pour faciliter l'exécution de l'accord. Afin de s'assurer de la collaboration des autorités haïtiennes, Jean-Paul Monchau, directeur du Service de l'Adoption Internationale au Quai d'Orsay, a effectué ces derniers jours une visite de travail en Haïti, pour rencontrer les responsables des ministères concernés. Compte-tenu du contexte sécuritaire et sanitaire, le Quai d'Orsay déconseille pour l'heure, fortement aux familles adoptantes de se rendre à Port-au-Prince. Il rappelle que les compagnies aériennes ont été amenées à suspendre un temps les vols commerciaux (suite aux troubles et violences survenus après la diffusion des résultats du premier tour de l'élection présidentielle en Haïti).
Un enfant victime du choléra soigné et sauvé à temps
Ces vols viennent maintenant de reprendre, mais de fortes incertitudes demeurent. En l'état, les réunions de travail se succèdent. Le ministère des Affaires étrangères, en liaison avec l'ambassade de France, étudie toutes les solutions logistiques possibles, pour permettre le départ des enfants dans les meilleures conditions sanitaires et de sécurisation. L'ambassade a part ailleurs densifié son réseau médical, et installé un dispositif spécial dans l'enceinte de l'ancienne résidence de l'ambassadeur, pour protéger les enfants de l'épidémie de choléra, surveiller les crèches et intervenir au plus vite et au mieux en cas de danger. Selon nos informations, un enfant adopté a déjà reçu un traitement complet après avoir été touché par le virus et pu ainsi être sauvé à temps. Le ministère des Affaires Etrangères communiquera aux familles, en fonction de l'évolution de la situation, les dispositions qui seront prises pour permettre l'évacuation des enfants qui étaient encore bloqués depuis le séisme.
Six enfants adoptés sont morts dans des crèches insalubres
Jointe par France-Soir, Emanuelle Guerry, présidente du Collectif «SOS Haïti enfants adoptés», mère adoptante d'un petit garçon qu'elle a réussi à ramener en France au mois de juillet dernier, se félicite de cette avancée décisive qui préfigure sans doute la fin d'un long et douloureux combat.
«Nous remercions chaleureusement Mme Alliot-Marie, et nous nous réjouissons du fait qu'elle ait traité ce dossier avec autant de détermination». Mais Emmanuelle Guerry tient à rappeler que le collectif avait juste après le séisme, survenu le 12 janvier 2010, réclamé cet accord permettant l'évacuation en urgence, et qu'il s'était heurté à l'inflexibilité de l'ex-ministre des Affaires Etrangères, Bernard Kouchner, au nom du respect de la légalité et de la souveraineté haïtienne.
«Mr Kouchner avait laissé des centaines de familles dans le plus grand désarroi. Nous n'oublions pas que six enfants adoptés sont morts dans des crèches insalubres, et l'insupportable douleur de leurs parents. Aujourd'hui le Quai d'Orsay a pris la seule décision qui s'imposait dans l'intérêt de nos enfants, et nous la saluons. Les familles entrevoient désormais la fin du tunnel, dit Emanuelle Guerry, mais nous restons vigilantes, et attendons maintenant de connaître les modalités exactes de sortie de nos enfants. Notre combat ne cessera que lorsque tous les enfants adoptés auront enfin pu quitter Haïti et retrouver les bras de leurs parents».
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Le 14 décembre 2010 11:14,